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Issy WOOD à Lafayette Anticipations : éloge du Non !

Exposition Issy Wood, Study for No – Lafayette Anticipations, Paris, du 18 octobre 2023 au 7 janvier 2024. Crédit : P. Antoine, Lafayette Anticipations

Jeune peintre prodige diplômée de la Royal Academy de Londres, Issy Wood a une actualité parisienne de taille en cette semaine de l’art scrutée par le monde entier : son solo show à Lafayette Anticipations et sa représentation à Paris + par la puissante galerie Michael Werner (New York). « Study for No » sous le commissariat de Rebecca Lamarche-Vadel est sa première exposition en France autour de 60 toiles qui oscillent entre signes distinctifs de la réussite (montres de luxe, voitures de sport, vêtements de marque, meubles de famille) et refus d’un certain conformisme social véhiculé par ces mêmes objets.

Dans un style très sophistiqué, elle peint sur du velours ce qui ressemble à des vanités, ces œuvres déversant les non-dits de notre époque : masculinité toxique, objectivisation du corps féminin, rapports de pouvoir, traditions obsolètes…Comme si les services à thé et autres objets de valeur transmis de génération en génération ou qui finissent au pilori d’une salle des ventes devenaient des monstres déchainés capables de nous conditionner à reproduire des rituels privés de sens. Et elle cite une anecdote qui nous est arrivé à tous lorsqu’enfant, on casse malencontreusement une assiette ou une tasse lors d’un repas de famille, devant une assemblée médusée, hilare ou d’un silence cruel.

Exposition Issy Wood, Study for No – Lafayette Anticipations, Paris, du 18 octobre 2023 au 7 janvier 2024. Crédit : P. Antoine, Lafayette Anticipations

Des objets pas si innocents à l’instar de ces figurines d’animaux en porcelaine qui disent notre rapport domestiqué à la nature et un certain penchant pour la collection. Avec un goût pour le kitsch, elle détrône la peinture et sa longue tradition en y introduisant personnages et motifs issus de séries à succès : les Sopranos, Sex and the city dans des processus d’identification et d’effets miroir : oncles manucurés, parties de visage, dentitions, entre désirs, ordres, possessions jusqu’à ce que le réveil fasse son intrusion. De plus en plus présentes, ces horloges prennent le contrôle dans une chorégraphie désaxée  qui rappelle les contes d’enfants tragiques. Rapport à la mémoire traumatique et intime avec toute la série sur les bouches écartelées par des appareils dentaires ou autres instruments de torture. Il faut souffrir pour être belle ! Ses parents médecins tous les deux laissant trainer des revues médicales sur les tables de la maison, l’artiste avait droit à des scènes trash pendant son petit déjeuner. Jusqu’où le détachement médical face aux émotions de la maladie ?

Autant de questions soulevées par ce parcours ascensionnel qui offre des espaces de sidération, de jouissance ou de malaise. Jusqu’au tout petit tableau sur lequel est inscrit NO en lettres gothiques fleuries. Comme un monument, un manifeste : Savoir dire non !

Issy Wood également musicienne, s’est produit en live cette semaine aux côtés de 3 musiciens autour des « gestes obsessionnels et fausses réjouissances » du quotidien.

En complément du catalogue, l’ouvrage Reine Bébé, traduit pour la première fois en français, est une forme de journal intime de l’artiste.

A découvrir également l’exposition d’Akeem Smith « One last cry ».

Infos pratiques :

Issy Wood

Study For No

Jusqu’au 7 janvier 2024

Programmation culturelle associée

Entrée libre et gratuite

Fermeture hebdomadaire : mardi

https://www.lafayetteanticipations.com/fr/

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