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Bollywood Superstars. Histoire d’un cinéma indien au musée du Quai Branly

Photogramme du film Mughal-E-Azam réalisé par K. Asif (1960) Mughal-E-Azam
Kamuddin Asif , 1960 musée du Quai Branly-Jacques Chirac photo Pauline Guyon

L’exposition conçue pour le Louvre Abud Dahbi arrive à Paris et c’est un évènement !

Dans une scénographie immersive avec de nombreux décors reconstitués, le visiteur traverse une histoire visuelle et culturelle qui puise ses racines dans des récits millénaires où dieux et héros se côtoient dans un foisonnement d’émotions et de signes. Si l’Inde alors sous tutelle Britannique hérite du cinéma des Frères Lumière en 1896, elle invente son propre cinéma, ses cinémas pourrait-on dire, tant la diversité de répertoires est de mis. En effet, Bollywood attaché à l’industrie de Bombay, n’est pas le seul.  A visée anthropologique comme le souligne Emmanuel Kasarheou, président du musée du Quai Branly, le parcours retrace l’évolution des arts narratifs traditionnels des premiers conteurs itinérants jusqu’à l’émergence d’un véritable star system.

Figure du théâtre d’ombres Sita sous son arbre
Figure d’ombres montée sur baguette représentant Sita abritée sous un arbre à feuillage vert où perche un perroquet.
début du 20e siècle. Peau de daim ou de chèvre, découpée, cousue et peinte.musée du Quai Branly-Jacques Chirac photo Pauline Guyon

En préambule il est rappelé la puissance du darshan, vue d’une image religieuse, concept culturel central qui va irriguer tout le cinéma, les images étant parées d’une aura singulière. Autre phénomène essentiel le « traité de danse » du 5ème siècle qui codifie un certain nombre d’émotions transmises par les attitudes et les couleurs. Les 4 émotions fondatrices : l’érotique, le furieux, l’héroïque et l’odieux vont perdurer dans toutes les chorégraphies du cinéma de Bollywood. Ces références posées, nous traversons un kaléidoscope de danses pour découvrir le cinéma des origines autour des spectacles ambulants, des théâtres d’ombre peuplés de dieux géants spectaculaires ou les lanternes magiques arrivées avec les colons Britanniques.

Portrait princier
1910-1920
Rajasthan
Photographie monochrome rehaussée à la gouache
Musée du quai Branly-Jacques Chirac, Paris photo Delphine Guyon

Dans la 2ème partie le cinéma devient un outil d’identité nationale qui réussit à fédérer au-delà des castes, langues et des religions grâce aux mythes dont il s’inspire. L’influence du peintre de cour Ravi Varma est essentielle de par son style naturaliste qui rend les dieux plus humains et accessibles dans des chromolithographies qui sont transposées dans les premiers films muets. Dadasaheb Phalke issu d’une élite cultivée a une conscience unificatrice du cinéma et créé un genre qui connait un grand succès : le film mythologique.  Dans cette veine les épopées fantastiques du Mahabharata et du Ramayana sont adaptées en films et séries télévisées autour des exploits des héros divins. L’âge d’or du cinéma hindi après le déclin des grands studios dans les années 40 coïncide avec la montée des stars. Raj Kapoor, Mehboob Khan qui introduit le technicolor, Bimal Roy ou Guru Dutt font partie des grands cinéastes alors que Satyajit Ray s’impose comme le grand cinéaste d’auteur, le plus connu des cinéphiles occidentaux.

L’Empire moghol reste la période la plus inspirante du cinéma hindi avec le film le plus rentable  du box office : Mughal E-Azam. Un âge d’or synonyme de grande prospérité artistique et véhiculé par la tradition des miniatures des portraits royaux du Rajasthan ou du Pendjab. La photographie joue un rôle important associé aux talents de coloristes des ateliers royaux. Cette photographie peinte se démocratise et se diffuse ensuite. Plusieurs manuscrits, robes princières, manteau luxueux sont réunis évoquant ces Grands Moghols qui soutiennent les arts.

La vogue du single screen, cinéma en un seul écran et une seule salle est évoqué par la reconstitution d’un décor et la projection d’un extrait de Sholay film emblématique des années 70, un weestern transposé au far ouest indien. Un film dit « masala » qui renvoie à un subtil mélange d’épices utilisé en cuisine. Aller au cinéma est un rituel et l’on y passe de longues heures à chanter, danser, rire… La 3ème section évoque le statut de super stars des acteurs, des demi-dieux qui font l’objet d’un culte véritable.

Commissaires :

Julien Rousseau, Conservateur du patrimoine, Responsable de l’unité patrimoniale Asie au musée du quai Branly Jacques Chirac, Paris

Hélène Kessous, Docteure en anthropologie sociale et ethnologie, Adjointe scientifique au musée départemental des arts asiatiques, Nice

Programmation associée :

Soirée exceptionnelle, concerts, spectacles, visites, ateliers, DJ set, cours de danse.

 « Autour de l’évènement« 

A ne pas manquer lors de votre visite le solo show de Kehinde Wiley. Dédale du pouvoir (en collaboration avec la galerie Templon). L’artiste américain, dont l’œuvre réinterprète les représentations de la puissance et du prestige dans l’histoire de la peinture de portrait, imagine dès 2012 une série inédite dédiée aux chefs d’État africains. Avec chacun d’entre eux, il aborde l’histoire du portrait aristocratique, royal et militaire dans l’Europe des 17e, 18e et 19e siècles afin d’élaborer, une composition qui illustre le regard singulier de chaque leader sur ce que signifie être un dirigeant africain contemporain.

Infos pratiques :

Bollywood Superstars. Histoire d’un cinéma indien

Du 26 septembre 2023 au 14 janvier 2024

https://www.quaibranly.fr/

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