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24h en Wallonie : Liège, tropisme local et irrévérence

Daniel Buren « Comme tombées du ciel, les couleurs in situ et en mouvement”, gare Liège-Guillemins

Paradoxale peut-on conclure d’une découverte de la ville de Liège dont la scène artistique souffre d’une comparaison avec Bruxelles même si de nombreuses initiatives spontanées sauvent la mise. Un tropisme local proche du « désert culturel de la Wallonie » selon les paroles sévères et lucides de l’artiste Léon Wuidar (catalogue Private Views). Pour comprendre les raisons de ce constat, l’exposition Private Views organisée cette année par la Boverie –ancien Musée d’art moderne et contemporain- autour des particularités du collectionneur liégeois par rapport au collectionneur flamand, bruxellois ou français est pertinente à plus d’un titre. Car si Liège se situe à un carrefour géographique intéressant  est-elle pour autant ouverte aux influences extérieures ?

Sans véritable musée d’art contemporain, ce sont les galeries et initiatives  collectives qui ont pris le relais face à un désintérêt des institutions et du public. Depuis l’APIAW en 1945 jusqu’à la galerie Vega, le collectif L’A puis la galerie Nadja Vilenne qui fait un travail unique avec la scène européenne autour d’artistes à majorité conceptuels portés sur l’humour et la dérision. Citons également les centres : Espace 251 Nord, les Brasseurs ou de la New Space se démarquent dans une volonté de désenclavement au-delà des frontières portée souvent par des personnalités : Laurent Jacob avec Espace 251, Alain De Clerk et sa flamme de la culture à l’origine de la collection de La Space ou Dominique Mathieu aux Brasseurs qui fonctionnent sur un principe de financement participatif mensuel que Sarah Charlier nous détaille dans l’interview ci-après. L’engagement des collectionneurs à la vie artistique se remarque aussi par des commandes in situ comme dès l’arrivée en gare avec l’œuvre de Daniel Buren, missionnée par le groupe Uhoda, fer de lance incontournable du paysage local. En parfait dialogue avec l’architecture de Santiago Calatrava, l’œuvre se déploie sur l’ensemble de la voûte de l’édifice à travers un jeu de couleurs, de mouvement, de lumière.

Il convient de compléter ce panorama par des initiatives comme la BIP –Biennale de l’image possible- qui après la photographie s’ouvre aux nouvelles écritures hybrides et fédère un grand nombre de lieux avec son OFF. L’édition 2024 se place sous le prisme de la transition, la mutation, « mutantx » dans l’ancienne bibliothèque municipale désaffectée. Egalement l’Art au centre continue de tisser sa toile au sein de vitrines vides et d’espaces commerciaux en transition. Rencontre avec Sophie Delhasse, l’une des commissaires invitées.

Suite du voyage* en Wallonie à l’est dans la petite ville germanophone d’Eupen qui avec son musée l’IKOB dirigé par le très dynamique conservateur allemand Frank-Thorsten Moll propose une exposition de l’artiste polonais Marcin Dudek représenté en Belgique par la puissante galerie Harlan Levey Projects (Bruxelles) où j’avais découvert l’artiste.  

On est loin d’une dérive provincialiste même si certains stéréotypes perdurent !

*Voyage organisé par Stéphanie Pécourt, directrice du Centre Wallonie-Bruxelles dans le cadre de Sentinelles 3 : Invitation à un programme de Visites d’exposition et de découvertes d’artistes émergent.es à Liège et Eupen.

En complément :

Interview Sophie Delhasse, commissaire L’Art au centre

Interview Sara Charlier, les Brasseurs

Interview Frank-Thorsten Moll, l’IKOB museum (Eupen)

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