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Man Ray à La Banque, Musée des cultures et du paysage de Hyères, interview Pierre-Yves Butzbach, co-commissaire

Les Mystères du Château du Dé, 1929 photogramme Man Ray Trust 2015/ADAGP Paris 2023 image Telimage, Paris

« Et quand j’aperçus la Méditerranée, je fus tout à fait conquis » Man Ray

Exposition labellisée d’intérêt national, Man Ray « Le Beau temps » à La Banque, musée des cultures et du paysage d’Hyères, témoigne d’une période d’intense créativité et d’amitié dans le sud pour l’artiste, entre Antibes et la plage de la Garoupe, Mougins et Picasso et la villa cubiste du Vicomte et de la Vicomtesse de Noailles où il tourne son film « Les Mystères du Château du Dé », projeté dans l’ancienne Salle des coffres du musée. Une sorte de parenthèse enchantée avant que la guerre ne sonne le glas de l’insouciance.

Emmanuel Radnitsky (Man Ray) à son arrivée à Paris en 1921 est naturellement accueilli par Duchamp, rencontré à New York quelques années auparavant. Le soir même, il est présenté au groupe surréaliste et dadaïste : André Breton, Paul et Gala Eluard, Francis Picabia, Max Ernst, Paul Eluard, Tristan Tzara, Philippe Soupault… C’est Jean Cocteau qui l’introduit dans le Paris survolté et mondain des Années Folles auprès notamment des Noailles dont les bals costumés sont prétextes à toutes les extravagances, ce qui est souligné dès le début du parcours par un tirage agrandi en wall paper. C’est alors que Man Ray ouvre son studio rue Campagne-Première à Montparnasse et commence à vivre de ses portraits de toute l’intelligentsia parisienne. Il se livre à de nombreuses expérimentations aux côtés de Lee Miller sa compagne et son assistante qui découvre par « accident » la solarisation. Un moment clé de l’histoire de la photographie et des avant-gardes.

Le parcours de l’exposition commence par les clichés incontournables de l’artiste : le Violon d’Ingres, La Prière…, pour aborder les séjours à la Villa Noailles avec un dialogue inédit entre la toile encore jamais exposée « Monsieur et Madame » et « Les Mystères du Château du Dé », commandité par Charles de Noailles. Puis la galerie des surréalistes témoigne de la place occupée par Man Ray dans l’effervescence artistique d’alors avant que le sud et ses sortilèges ne soit immortalisé par les nouvelles pellicules couleur de Kodak. D’abord par le biais des riches américains les Murphy au Cap d’Antibes, Man Ray passe des étés inoubliables entre 1936 et 1939 entouré de sa bande de copains : Pablo Picasso et Dora Maar, Paul et Nusch Eluard, Valentine et Roland Penrose et la nouvelle compagne de Man Ray, la danseuse guadeloupéenne Adrienne (dite Ady) Fidelin dont la présence solaire irradie les photos. Des vacances oisives et studieuses qui donnent lieu à l’ouvrage de poèmes collaboratif entre Eluard et Man Ray « Les mains libres ».

Man Ray après la guerre revient en France en 1951 et retourne à Antibes sur la plage de la Garoupe y croiser les fantômes d’un petit film de vacances dont il n’avait certainement pas mesuré l’importance sur le moment.

Pierre-Yves Butzbach à l’origine de la première photothèque numérique en ligne de Man Ray, revient sur sa rencontre avec Juliet Man Ray, l’aventure de la numérisation du fonds et la genèse de cet ambitieux projet qui se déroule également au musée d’Evian. Il  nous apporte des précisions sur les tirages et leur valeur, l’artiste aimant brouiller les pistes.

Pierre-Yves Butzbach en écoute @9Lives-magazine.com

Podcast 9Lives-magazine

Catalogue aux édtiions Courtes et Longues 176 pages, 25 €

En complément une visite s’impose à La Villa Noailles, toile de fond et déclencheur des expérimentations les plus audacieuses de Man Ray.

Infos pratiques :

MAN RAY

Le Beau Temps

jusqu’au 19 novembre

La Banque, Musée des Cultures et du paysage

Contribution de la Ville au centenaire de la Villa Noailles

La banque, musée d’Hyères | Ville d’Hyères les Palmiers (hyeres.fr)

Le Centenaire de la Villa Noailles : Interview Magalie Guérin, directrice adjointe

Villa Noailles, le centenaire : Interview Magalie Guérin, directrice adjointe, responsable Design Parade Hyères : « Une histoire de filiation et d’émancipation » – FOMO VOX (fomo-vox.com)

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