Philippe Parreno, Well Quasi Objects: My Room is a Fish Bowl, AC/DC Snakes,Happy Ending, Il Tempo del Postino, Opalescent acrylic glass podium, Disklavier Piano Bourse de Commerce–Pinault Collection Photo Aurélien Mole
Emma Lavigne signe son premier projet pour la Bourse de Commerce en tant que directrice générale de la Fondation Pinault et l’on retrouve son appétence et son talent pour les compositions sonores immersives aux confins du visible avec « Une seconde d’éternité ».
Après avoir tissé des correspondances sensibles entre la danse, la performance, le cinéma autour de la place du corps avec « Danser sa vie » (Centre Pompidou), Céleste Boursier-Mougenot pour la Biennale de Venise, John Lennon (Cité de la musique) ou Pierre Huyghe -trilogie musicale au Centre Pompidou, elle convoque de nouveau Philippe Parreno et Dominique Gonzalez-Foerster pour jouer un nouvel opus sous la forme d’un paysage mouvant organique, philosophique et existentiel. La course du temps, la mémoire, les présences fantomatiques peuplent la Rotonde de la Bourse de Commerce comme une invitation à lâcher prise pour entrer dans une nouvelle dimension.
Photo Florent Michel
L’ici et maintenant sous le régime d’apparitions furtives telle le visage et la voix d’Annlee, manga 3D qui s’incarne curieusement sous nos yeux (Tino Sehgal) ou l’onde sonore Echo2, tandis que l’odyssée d’Anri Sala, Time No Longer se diffuse le long des larges héliostasts suscitant des phénomènes hallucinatoires et cosmiques entre le jour et la nuit, l’ombre et la lumière, l’été de l’hiver. Le titre de l’exposition emprunté à l’œuvre filmique de l’artiste Marcel Broodthaers, lui-même se réclamant de Baudelaire, donne le ton de la traversée à suivre.
Photo Aurélien Mole
« Un paysage nouveau, un horizon possible, un lieu de repos et de beauté absolu » tels sont les mots de Felix Gonzalez-Torres à propos de l’œuvre de son amie Roni Horn, filigrane qui sous-tend l’ensemble du parcours autour d’œuvres qui jouent de la perception et du reflet du regardeur. Miroirs et fragmentations de Larry Bell, Rudolf Stingel, Wolfgang Tillmans, Sherrie Levine, disparition et finitude avec le Go-Go dancer de Felix Gonzalez-Torres qui n’apparait que 5 mns par jour, appropriations de Sturtevant. Séance quasi spirite avec les ballons flottant, les « quasi-objets » de Philippe Parreno au son de Frantz Liszt.
Cette dérive planante et irrationnelle n’en dégage pas moins une emprise politique forte. Crise de l’image avec les scénarii holographiques de Dominique Gonzalez-Foerster devenu la Callas, corps des migrants ressurgissant à la surface avec Miriam Cahn, identités invisibilisées ou minoritaires avec les spectres afro-américains de Carrie Mae Weems ou la transparence de l’eau chez Roni Horn. Si Felix Gonzalez-Torres a passé sa vie à lutter contre l’homophobie, la peur, la perte à l’ère de l’Amérique de Reagan où l’épidémie de sida était synonyme de perpétuelles discriminations, il en appelle à la responsabilité du public face à l’œuvre dans un très beau texte reproduit dans le catalogue.
Laissez-vous traverser par la liquidité et la mutabilité perpétuelle de ce panorama qui peut être perçu sous le régime du sensible avec ou sans assise théorique préalable. Ce n’est que quelque temps après que ces fantômes continuent d’agir…
Intense programmation en résonance : agenda
Relire mes interviews d’Emma Lavigne, Palais de Tokyo en juin 2020 (lien vers) et au Centre Pompidou Metz en mai 2018 (lien vers).
A venir : Anri Sala à la Bourse de Commerce
Du 14 octobre 2022 au 3 janvier 2023
Infos pratiques :
Une seconde d’éternité
Commissariat : Emma Lavigne, directrice générale de Pinault Collection, avec Caroline Bourgeois, conservatrice auprès de la collection, et Matthieu Humery, conservateur auprès de la collection, chargé de la photographie.
Jusqu’au 26 septembre
La réservation est conseillée.
Plein tarif : 14€
Tarif réduit : 10€
2 rue de Viarmes, 75001 Paris
Du lundi au dimanche de 11h à 19h
Fermeture le mardi et le 1er mai.
Nocturne le vendredi jusqu’à 21h