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Hoël Duret,  Cont#ct  au CCC OD : interview

Hoël Duret « Cont#ct » vue d’exposition au CCC OD, Tours, France, avril
2022 © Photo(s) : Aurélien Mole

J’avais rencontré et interviewé Hoël Duret à l’occasion de la foire Around Video Art Fair autour de son film Drop Out, tourné en Nouvelle Zélande pendant le confinement et étais impatiente de découvrir le nouveau volet du cycle Low au CCC OD à Tours à l’invitation d’Isabelle Reiher, la directrice. Œuvre totale et expérience immersive inédite, Cont#ct nous fait basculer dans un monde parallèle entre récit d’anticipation et pulsion scopique et additive à la beauté pré-formatée. Nous partons sur les traces d’une mystérieuse exploratrice dont la voix nous guide et nous déroute en même temps. Hoël Duret revient sur le défi que représentait la Nef du CCC OD et la formidable opportunité de cette exposition construite avec la commissaire Delphine Masson. Il a répondu à mes questions.

Né en 1988, Hoël Duret est un artiste diplômé de l’Ecole des Beaux-arts de Nantes.

Son travail a été présenté en France lors d’expositions personnelles à la Fondation Louis Vuitton, au FRAC des Pays de la Loire, au centre d’art Galerie Edouard Manet, Gennevilliers, à la Zoo Galerie, Nantes, ainsi que lors d’expositions collectives au Centre Georges Pompidou, au Palais de Tokyo, au Palais Garnier – Opéra de Paris, au CAPC Musée de Bordeaux, aux FRAC PACA et Nord-Pas de Calais et dans les centres d’art Passerelle à Brest et CREDAC à Ivry. 

A l’international son travail a fait l’objet d’expositions personnelles à la Villa Merkel, Esslingen, Allemagne, au Palazzo Strozzi, Florence, Italie, au Palazzo delle Stelline, Milan, Italie, à Yishu 8, Beijing, Chine et a rejoint des expositions collectives au Séoul Art Museum, Corée, au MUDAM, Luxembourg, au Tel Aviv Art Museum, Israël, au Ford Theatres, L.A., USA et à Martos Gallery, L.A., USA.

Il a participé à plusieurs programmes de résidence parmi lesquels le Pavillon Neuflize OBC / Palais de Tokyo, Paris, Te Whare Hera, Wellington, Nouvelle-Zélande, Yishu 8, Beijing, Chine, Saint Ange, Seyssins, France.

En 2020 son travail a rejoint les collections du Centre Pompidou.

Il collabore avec la NEW GALERIE, Paris, où il a présenté sa première exposition personnelle en janvier 2022. 

Il présente actuellement une nouvelle exposition monographique au CCCOD à Tours.

En quoi votre résidence à Wellington (Nouvelle-Zélande) a -t-elle été déterminante pour l’exposition Cont#ct au CCC OD dans le cadre du cycle Low ?

Ma résidence à Wellington en Nouvelle Zélande au printemps 2020 a été une bascule dans le cycle de projets et d’expositions Low dont Cont#ct  est la dernière occurrence à ce jour. Dans la mesure où je me suis retrouvé bloqué là-bas au moment du confinement, j’ai dû adapter mes outils et processus de travail et faire entrer de nouvelles composantes dans la démarche de façon à réaliser ce film, contre vent et marée. Pour cela, j’ai eu recours à de nouvelles techniques et outils numériques, ce qui a orienté le projet Low dans son ensemble vers un aspect plus technologique.

Quels sont les enjeux de ce cycle ?

Low initié en 2019 est une sorte de grand palimpseste, un projet que j’avance par petites touches d’expositions en expositions films, peintures, installations… Je viens ainsi dessiner une sorte de paysage de ce que représente Low, un monde parallèle au notre, qui y ressemble beaucoup mais dans un rapport très intense au numérique que j’accentue par endroits tout en restant assez low-tech et bricolé paradoxalement. S’il y a beaucoup d’éléments assez spectaculaires à partir de technologies assez pointues, je n’y ai pas recours obligatoirement. Low se situe sur ce fil entre aborder un monde numérique très sophistiqué, sans basculer dans le tout technologique.

Hoël Duret « Cont#ct » vue d’exposition au CCC OD, Tours, France, avril
2022 © Photo(s) : Aurélien Mole

Quels sont les ressorts narratifs et formels de Cont#ct ?

Cette exposition se tient dans l’espace de la Nef, un espace de 300 m² avec un plafond de 11m de haut, ce qui représentait un vrai défi. La première chose que j’ai souhaitée était d’occulter complètement cet espace en général pensé pour sa porosité avec l’extérieur via les grandes baies vitrées. L’idée était de faire un geste très fort à partir d’un dispositif total et totalement immersif, les œuvres interagissant toutes ensemble car pilotées par le même programme. Elles ne sont pas dissociables les unes des autres, c’est pourquoi il n’est pas donné au visiteur de plan de salle ou de titres aux œuvres. Cette installation a un cycle d’une durée de 16 mns.

La place de la bande son de l’exposition 

La bande son a été écrite avec le compositeur Vincent Malassis qui m’accompagne sur le projet Low depuis plusieurs étapes. Il avait réalisé la musique du film Drop Out ou de l’exposition Outta Luck qui s’est déroulée à la New Galerie à Paris en janvier 2022. Ensemble nous collaborons à travers l’écoute de nombreuses sources, l’écriture de rythmes, de moments et de séquences, en fonction de mes prérequis pour qu’ensuite il puisse me faire un certain nombre de propositions. Cette fois et contrairement aux expériences précédentes, la musique a été composée très en amont de l’exposition, avant la vidéo, avant l’animation lumineuse de la Nef.

Puis assez tardivement, j’ai décidé d’ajouter une voix qui parle dans l’espace et qui vient se superposer à la musique. Cette voix joue un texte que j’ai écrit agissant comme une sorte de fil rouge pour le spectateur, de sorte à donner quelques clés sur l’endroit où l’on se trouve. Par ailleurs et peut-être de manière contradictoire, cette voix parle en anglais, ce qui est volontaire, la traduction du texte étant remise au visiteur même si cela introduit une légère dissonance. Pour arriver à cette voix nous avons travaillé avec une chanteuse que l’on a mise en condition d’enregistrement assez particulière vis-à-vis du personnage qu’elle doit incarner. Cette voix apparait par moments dans l’exposition et essaie de décrire un monde a priori indescriptible.

Quel est ce monde ?

Nous ne savons pas vraiment où l’on est et mon idée était de proposer une sorte de réalité alternative. Ce qu’il faut bien comprendre c’est qu’au moment où l’on entre dans l’exposition, nous nous trouvons face à un très grand écran de projection dont la transparence nous propose des images qui flottent dans l’espace. Ces images ne sont que de très grands paysages filmés au drone, qui proviennent uniquement de banques de données numériques. Des images très consensuelles et belles faites pour la publicité par exemple. Tout le reste de l’exposition réagit à cela, que ce soit la musique, la lumière qui s’allume et s’éteint, le grand néon, les toiles qui entrent en vibration…comme dans une sorte d’écosystème, d’installation totale.

Où sommes-nous ?

Au milieu de ces belles images qui font presque penser à des fonds d’ordinateurs, et à partir de ce que nous dit la voix de la jeune fille, nous sommes dans un ailleurs mais qui reste et restera indéterminé. Sommes-nous dans un rêve ? Celui de cette jeune fille ? Dans un jeu vidéo ? Ou un metavers ? Nous ne savons pas. Notre seul indice est la présence de cette jeune femme qui tente de décrire cet espace mais avec beaucoup de difficultés, tout en cherchant quelqu’un qu’elle ne trouve pas jusqu’à se sentir peu à peu se dissocier. Ne pourrait-elle pas vivre une vie meilleure à cet endroit dans cet espace autre ? Et elle nous quitte sans nous donner la réponse.

La science-fiction et autres sources d’inspiration

Même si je ne suis pas un lecteur assidu de science-fiction, elle est de fait présente et depuis le départ dans le projet Low à travers le type de récits et la mise en forme des installations et des sculptures. La science-fiction apparait aussi dans le cinéma, le jeu vidéo et à beaucoup d’autres endroits.

Je citerais également les écrivains Thomas Pynchon et David Foster Wallace qui appartiennent plutôt aux courants postmoderne et métamoderne.

Hoël Duret en écoute FOMO_Podcast 🎧

Hoël Duret « Cont#ct » vue d’exposition au CCC OD, Tours, France, avril
2022 © Photo(s) : Aurélien Mole

Hoël Duret est représenté par la New Galerie à Paris.

Site de l’artiste :

http://www.hoelduret.com/

Ne manquez pas lors de votre visite les formidables expositions : Tout ce que je veux, artistes portugaises de 1900 à 2020 et postcorps – exposition collective.

Infos pratiques :

Hoël Duret, Cont#ct 

Jusqu’au 18 septembre

Tout ce que je veux

Jusqu’au 4 septembre

https://www.cccod.fr/

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