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Laure d’Hauteville, MENART FAIR, 2ème édition : « La clé de notre succès est l’émergence d’un marché qui suscite l’intérêt grandissant des collectionneurs et du public »

Ghasem Hajizadeh, Separation, 2012, technique mixte sur toile, 200 x 200 cm, AMENOR CONTEMPORARY (Stavanger, Norvège)

Avec 18 galeries, 12 pays, 98 artistes et 250 œuvres la 2ème édition de MENART FAIR s’annonce prometteuse dans une semaine parisienne très chargée. L’occasion de s’échapper un peu du dessin qui domine pour partir à la rencontre des artistes et territoires du ME.NA (pour Middle East, North Africa) d’une grande vitalité et tradition culturelle. Parmi les temps forts : un focus sur l’Ecole de Casablanca par la commissaire Fadia Antar et la place prise par les NFT dans cette région du monde. Laure d’Hauteville se félicite après les difficultés rencontrées avec le confinement de cette nouvelle édition alors que MENART FAIR BRUXELLES se tiendra à la Fondation Boghossian en janvier 2023. Une annonce exclusive et très bonne nouvelle pour les galeries ! Elle a répondu à mes questions avec la passion et l’exigeance qu’on lui connait.

      

Avec quel état d’esprit êtes–vous à 2 jours de cet évènement ?

Très cool, tout se passe bien, les galeries sont très heureuses de revenir pour celles de l’année dernière et les nouvelles sont impatientes de vivre l’expérience « MENART FAIR ». La plupart ont déjà exposé avec moi à la foire de Beyrouth. La foire est tout à la fois douce et engageante, et en même temps engagée par les artistes qu’elle présente et leurs propos artistique. Nous sommes prêts et attendons avec impatience, le jour de l’inauguration qui sera gai et festif.

Dyala Khodary, Urban Eruption, acrylic on canvas, 60x80cm, Art on 56th (Beyrouth / Liban)

Au total 18 galeries de 12 pays ont répondu à l’appel : avez-vous rencontré des difficultés en cette période d’instabilité  ? 

Pas vraiment. Les choses vont beaucoup mieux cette année que l’année dernière où nous avions ouvert la foire en période de confinement. Au contraire, cette année, nous pouvons recevoir plus de monde, faire la fête et donc mieux profiter des galeries et des visiteurs. Inédite en Occident, cette jeune foire au format confidentiel propose un parcours au coeur d’une sélection exigeante de plus d’une cinquantaine d’artistes d’art moderne & contemporain, pour la plupart reconnus dans leurs pays respectifs. Pleins de leurs diversités culturelles, historiques et structurelles, les 19 pays du ME.NA sont des viviers créatifs d’une richesse artistique intense. Ils s’inscrivent dans leur propre tradition culturelle nourrie de leur histoire singulière. La clé de notre développement et de notre succès est l’émergence d’un marché qui suscite l’intérêt grandissant des collectionneurs et du public, tel que nous avons pu le constater, lors des retombées de notre précédente édition. 

Rappelons que l’objectif de MENART FAIR est triple : combler l’engouement des collectionneurs pour l’art du Moyen-Orient & de l’Afrique du Nord, avec un accompagnement sur son histoire et son marché, permettre aux galeries occidentales de créer des passerelles vers de nouveaux artistes et fournir aux artistes du monde arabe l’opportunité unique de tisser des liens avec des experts internationaux.

Laure d’Hauteville, fondatrice et directrice et Joanna Chevallier, directrice artistique MENART FAIR Cc iderosen

En quoi sont-elles représentatives de ce territoire ? 

Nous sommes une foire spécialisée sur les pays du ME.NA (pour Middle East, North Africa). Les galeries peuvent venir de n’importe quel pays mais ne doivent exposer uniquement des artistes du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord. Les oeuvres de ces artistes sont toute aussi engagées et révèlent les tensions que subissent ces régions, autant poétiques que porteuses d’espoirs.

Abdelhak Benallou, Sans titre, 2021, huile sur toile 80 x 80 cm By Lara Sedbon (Paris / France)

Focus sur l’Ecole de Casablanca par Fadia Antar, quelle a été son rayonnement ? 

Cette école ou courant a été très important dans l’Histoire de l’art du Maroc. L’école de Casablanca ne se limite pas au contexte architectural, ni au programme pédagogique d’une école d’art. Il s’agit surtout d’un mouvement à la recherche d’une modernité artistique et culturelle propre au Maroc. C’est aussi un positionnement socio-culturel qui défie l’Académie et l’histoire de l’art euro-centrée.C’est ainsi que ce groupe d’artistes éducateurs s’engage dans une enquête qui le ramène vers la pratique de l’abstraction géométrique traditionnelle, vers l’emploi de signes et symboles propres à leur culture sociale Berbère, Arabo-musulmane et Africaine et aussi vers l’appropriation de matériaux natifs de leur environnement : cuir, métal et pigments naturels.

L’exposition “École de Casablanca” au sein de MENART FAIR orchestrée par la commissaire et experte Fadia Antar tente de capturer l’inspiration créative que ce mouvement a lancée entre 1962 et 1971. C’est un enthousiasme qui a amené ce groupe d’artistes et leurs étudiants non seulement à expérimenter dans l’art mais aussi à produire des discours à exposer dans les espaces publics et à se positionner au sein de l’histoire de l’art. Seront présentées des oeuvres exceptionnelles de Farid Belkahia (1934-2014) Mohamed Melehi (1936-2020) Mohamed Chabâa (1935-2013) Mohamed Hamidi (1941) Abdellah Hariri (1949) Abderrahmane Rahoule (1944) et Abdelkader Laaraj (1950).

Amina Zoubir, We can not impede a star from shining, wax, 49x29x5 cm – 4kg, edition, AYN GALLERY (Paris / France)

Les NFT par l’expert et collectionneur Brian Beccafico, comment l’avez-vous rencontré ? Quelle vision défend-il ? 

J’ai rencontré Brian Beccafico lors d’un diner et j’ai été captivée par sa manière d’expliquer l’intérêt des NFT, au-delàs de l’aspect spéculatif. Brian a tout de suite accepté ma demande d’être commissaire de cet espace. La création NFT des artistes du ME.NA est très influencée par le médium technologique et l’esthétique web. Celle-ci pousse la frontière des genres artistiques existants tels que la peinture, la photographie, l’art génératif, le glitch art, la création graphique et la 3D. Dans une région du monde bien souvent caractérisée par une instabilité politique, la censure artistique et la politique monétaire verticale, le NFT est un merveilleux médium de création assurant aux artistes une indépendance et une liberté artistique totale. Une conférence dédiée à cet espace se tiendra samedi 21 mai 2022 à 16h dans les écuries de la foire. L’occasion unique de découvrir les artistes de demain aux trajectoires de vie radicalement uniques. 

Vous aviez prévu une édition à Bruxelles : le projet est-il toujours d’actualité ? 

MENART FAIR BRUXELLES se tiendra à la Fondation Boghossian (Villa Empain) 20-22 JANVIER 2023. Une sélection ART + DESIGN de galeries internationales seront réunies durant quatre jours dans le lieu incontournable de la vie artistique bruxelloise. Nos rencontres nous confirment que les collectionneurs belges sont sensibles à la découverte de cette scène régionale pleine de promesses. Cette foire au format confidentiel se prête aux rencontres : plusieurs Solo shows permettront aux visiteurs de s’immerger dans ces univers souvent méconnus des amateurs européens. Parallèlement à la foire nous proposons un très beau programme VIP avec des visites d’art ME.NA chez des collectionneurs des visites de Fondations et beaucoup de révélations.

Infos pratiques :

MENART FAIR #2

du 19 au 22 mai

Cornette de Saint Cyr
6, av Hoche 75008 Paris 

Billets

MENART FAIR (menart-fair.com)

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