Forte d’une exceptionnelle édition 2021, la foire Art Paris Art Fair retrouve le Grand Palais Éphémère à partir du 7 avril prochain autour d’une 24ème édition engagée sous le signe de la nature et de l’environnement rassemblant 130 galeries en provenance de 23 pays. Guillaume Piens, Commissaire général, nous décrypte ce fil rouge qui irrigue propositions artistiques et démarche d’éco-conception totalement inédite. Il se félicite de la montée en puissance de la foire qui se traduit par le retour de galeries leaders à l’international implantées en 2021 et la présence de primo-arrivants de taille. De nombreux partenariats avec des institutions parisiennes prestigieuses signent également le pouvoir d’attractivité d’Art Paris et marqueront le coup d’envoi de ce printemps des arts à Paris. Tous les signaux semblent donc réunis.
Avec quel état d’esprit abordez-vous cette nouvelle édition d’Art Paris dans un contexte géopolitique qui reste préoccupant ?
Guillaume Piens. L’allègement des mesures sanitaires, notre projet très innovant autour de la nature et de l’environnement et le calendrier qui coïncide avec le redémarrage des foires de printemps nous permettent d’être dans un état d’esprit très positif. Le contexte de la guerre en Ukraine même s’il nous préoccupe et nous attriste tous, n’est pas de nature à provoquer l’arrêt du marché de l’art comme ce fut le cas avec la pandémie en avril 2020.
Quels motifs de satisfaction vous permettent cette confiance ?
GP. Nous sommes restés très proactifs et avons œuvré sans relâche, propulsés par le succès de l’édition 2021 autour d’une liste qui s’est considérablement étoffée. Parmi les motifs de satisfaction : le retour de galeries leaders qui se sont implantées en 2021, que ce soit Lelong, kamel mennour, Continua ou massimodecarlo. Citons aussi Perrotin qui en est à sa 3ème participation. Du côté des primo-arrivants (30% du nombre de participants) nous avons à l’international : Max Hetzler (Berlin, Paris, Londres), Xippas (Bruxelles, Genève, Montevideo,Paris, Punta del Este), Bernier Eliades (Athènes, Bruxelles), Rodolphe Janssen (Bruxelles)ou Fernando Pradilla (Madrid). Du côté français : Christophe Gaillard, Gb agency, Pedro Spartà, Denise René. Certains retours nous font très plaisir comme Catherine Issert ou Praz-Delavallade.La partie moderne se voit également renforcée par l’arrivée de Brame Lorenceau, Galerie des Modernes et celle de la Galerie Jacques Bailly.Belle présence de la scène africaine contemporaine autour des galeries 1957 Gallery (Ghana), Loft Art Gallery (Maroc), Véronique Rieffel (Côte d’Ivoire) rejointes par les enseignes parisiennes 31 Project, Magnin-A, Templon, Anne de Villepoix ou Carole Kvasnevski sur laquelle je reviendrai.
Le projet général 2022 : nature et environnement
GP. Ce projet joue à la fois sur le contenu et le contenant de la foire. Deux thématiques complémentaires sur les relations au monde du vivant, associées à une démarche d’éco-conception très innovante. Une démarche totalement inédite dans le monde des salons d’art qui s’appuie sur l’analyse de cycle de vie d’une foire et a nécessité un travail considérable que nous sommes heureux d’avoir accompli avec l’aide d’experts comme Fanny Legros et le cabinet Solinnen.
Un Regard sur la scène française : histoires naturelles par Alfred Pacquement
GP. Alfred Pacqement s’est concentré sur 20 artistes qui portent un regard sur le monde naturel qu’il soit végétal ou animal. Bien que de différentes générations ce sont des artistes déjà établis pour la plupart tels que Etel Adnan (Lelong), Jacqueline Lamba (Pauline Pavec), Eva Jospin (Suzanne Tarasiève), Bathélémy Toguo (Lelong), Johan Creten (Perrotin), Gilles Aillaud (Loevenbruck), Jean-Marie Othoniel (Perrotin), Philippe Cognée (Templon) ou Carole Benzaken (Nathalie Obadia). Parmi les plus jeunes, l’on retrouve : Hugo Deverchère (Dumonteil Contemporary), Edi Dubien (Alain Gutharc) ou Justin Weiler (Paris-B).
Autre signal fort : l’invitation à Alice Audouin, présidente Art of Change 21
GP. Commissaire indépendante spécialiste de l’environnement et fondatrice de l’association Art of Change 21, Alice Audouin porte un regard de militante plus que d’historienne de l’art. Elle a opéré une sélection de 17 artistes qui s’emparent d’enjeux liés au réchauffement climatique où à la préservation de la biodiversité dans un spectre international. Ainsi elle choisit de mettre en avant l’artiste danoise Pia Rönicke (gb agency), aux côtés des démarches de Tadashi Kawamata (kamel mennour), Recycle Group (Suzanne Tarasiève) ou Michelangelo Pistoletto (Continua).Si le nombre d’artistes impliqués ne cesse de grandir, les jeunes générations, en parallèle de leur pratique, vivent un véritable engagement citoyen à partir de modes de vie alignés tels que : Elsa Guillaume (Backslash), Capucine Vever (Eric Mouchet), Suzanne Husky (Alain Gutharc) ou Sarah Trouche (galerie Marguerite Milin). L’exemple de la démarche de Vincent Laval (secteur solo show, galerie Sono) est particulièrement révélateur, ayant décidé de donner 5% du montant de ses ventes à une association de défense de la forêt en écho à sa pratique de la marche et cueillette forestières.
La place donnée aux solos shows
GP. Ces 17 focus monographiques permettent une découverte ou redécouverte en profondeur du travail des artistes. Citons la période Pop des années 1960/70 d’Antoine de Margerie mise en avant par Eric Linard, l’artiste espagnol Carlos Léon (Galería Fernando Pradilla) très lié au mouvement Support-Surface et soutenu par les institutions en Espqgne mais peu connu en France ou Jean-Charles Blais (Catherine Issert). Dans un questionnement plus politique et identitaire: l’artiste sud-africaine Zanele Muholi (galerie Carole Kvasnevski) ou les portraits de migrants de l’artiste Alia Ali (193 Gallery). Un volet se penche sur la figuration avec l’artiste chinois Rao Fu (Galerie Vazieux), les artistes américains Tyler Thacker (Galerie Pact) ou Tony Toscani (Stems).
Le secteur « Promesses » renouvelé à 50%
GP. Les surfaces du Grand Palais Éphémère ne nous offrant pas les mêmes possibilités, nous avons dû réduire le nombre de ces galeries qui sont soutenues par la foire comme vous le savez. Malgré cela, nous avons renouvelé à 50 % ce secteur autour de 9 galeries prescriptrices en termes d’émergence internationale. Signalons l’arrivée de Felix Frachon (Bruxelles), Fabienne Levy (Lausanne), She BAM! Galerie Laetitia Gorsy, (Leipzig) autour d’artistes femmes et une ouverture sur le Guatemala avec la Galeria Rebelde autour d’artistes qui s’emparent du textile comme Sandra Monterroso ou Angelica Serech. Ce secteur s’annonce donc très prometteur.
Que pensez-vous du nouveau chapitre qui s’ouvre pour Art Basel à Paris après l’éviction de la FIAC ?
GP. On ne peut que regretter que la FIAC disparaisse même si en termes de positionnement cela ne change pas grand chose , Art Paris étant une foire de printemps régionale et cosmopolite, en appui à la scène française face à une foire très internationale à l’automne prochain gérée par Art Basel. Cependant, cette nouvelle foire qui arrive à Paris souligne cette renaissance de la place parisienne et ne peut que lui redonner de l’importance. Si l’on sort d’une approche franco-française beaucoup de scènes étrangères qui ne considéraient pas Paris comme un passage obligé pour leurs artistes et galeries, ont totalement changé leur vision. C’est donc un signal très positif pour Paris selon moi.
Quels temps forts avez-vous prévus autour de ce printemps des arts à Paris ?
Nous avons souhaité décliner ce fil rouge autour de l’environnement dans notre parcours VIP à partir de plusieurs rendez-vous comme la réouverture du Musée Albert Khan avec les nouveaux pavillons exemplaires signés de l’architecte japonais Keng Kama et la restauration des jardins ou une visite privée de l’atelier de Fabrice Hyber autour de son engagement écologique. Nous mettons aussi l’accent sur des lieux nouveaux comme l’Hôtel de La Marine et la collection Al Thani ou la Collection Pinault, partenaire pour la première fois. Cette montée en puissance de la foire se mesure aussi à travers le souhait de ces institutions prestigieuses de travailler avec nous.
Infos pratiques :
Art Paris Art Fair, 24ème édition du 7 au 10 avril 2022
Horaires :
Ouverture au public:
Jeudi 7 avril 2022 : 12h – 20h
Vendredi 8 avril 2022 : 12h – 21h
Samedi 9 avril 2022 : 12h – 20h
Dimanche 10 avril 2022 : 12h – 20h
Vernissage pour les porteurs des badges VIP & Prestige :
Mercredi 6 avril de 11h à 21h (sur invitation)
Tarifs :
Jeudi ou vendredi : 25 € / 15 € pour les étudiants et groupes
Samedi ou dimanche : 30 € / 18 € pour les étudiants et groupes
Grand Palais Éphémère
Plateau Joffre
75007 Paris
Billetterie
https://www.artparis.com/fr