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Centre Pompidou Metz : Etel Adnan, Bruno Latour et la 12ème Biennale de Taipei, L’art d’apprendre

MILLIØNS (Zeina Koreitem & John May), Aube, 2021
Commande du musée du Centre Pompidou-Metz © Courtesy of the Artist and Taipei Fine Arts Museum © Centre Pompidou-Metz / Photo Marc Domage / 2021 / Exposition « Toi et moi, on ne vit pas sur la même planète

C’est un magnifique cadeau que nous a fait Etel Adnan disparue  quelques jours après l’ouverture de cette exposition au Centre Pompidou-Metz dont elle est à l’origine avec Jean-Marie Gallais. Ecrire c’est dessiner reprend son intuition autour d’une mémoire commune entre l’écrit et le dessin, ce qu’elle avait remarquablement traduit dans son célèbre texte l’Apocalypse arabe en 1980 (galerie Lelong).

Un entrelacement sans fin qui domine sa création et sa vie faite de multiples déplacements et exils. Si l’on remonte à l’origine le mot grec graphein désignait à la fois écrire et dessiner. Une constellation de signes se déploie alors comme un voyage sur près de 4000 ans entre de riches manuscrits mérovingiens, des talismans asiatiques, des carnets d’écrivains (Verlaine, Victor Hugo..) et des œuvres plus contemporaines comme le spectaculaire palimpseste de Nancy Spero ou les fascinants leporellos d’Etel Adnan. Si l’exposition est à présent terminée, le catalogue permet de se replonger dans ses méandres au gré des textes de la poétesse.

Spero Nancy (1926-2009). Paris, Centre Pompidou – Musee national d’art moderne – Centre de creation industrielle. Adagp

Avec L’Art d’apprendre. Une école des créateurs sous le commissariat d’Hélène Meisel, chargée de recherche au Centre Pompidou-Metz, il est question de transmission, de l’autodidaxie, de pédagogies alternatives, participatives ou inclusives, de l’attention à la nature et au soin : autant d’enjeux qui ont traversé de nombreuses pratiques artistiques et peu explorées en tant que telles dans le format d’une exposition. Une première donc qui rejoint les aspirations de Chiara Parisi, directrice, à créer une école rattachée au Centre d’art messin.



smarin, Ecoletopie, 2021
© smarin
Exposition « L’art d’apprendre, une école des créateurs » Centre Pompidou Metz

Ce qui se traduit d’ailleurs dans le point névralgique du parcours avec l’accueil d’une salle de classe expérimentale conçue par le studio de design smarin (Stéphanie Marin) à l’attention de 3 classes de CM1/CM2 issues du territoire Eurométropole de Metz qui sont en résidence de février à avril mais aussi le public pendant les week-ends qui peut y réfléchir et s’y reposer face à la baie panoramique ouvrant sur la ville. Quelques 200 œuvres et documents des années 1960-70 ont été rassemblés et présentés en 6 sections thématiques autour de verbes clés : créer, dire, agiter, programmer, chercher, maintenir. Des compétences que les artistes ont souvent déconstruites, détournées, subverties.


Otobong Nkanga, The Weight of Scars, 2015 Paris, Centre Pompidou, Musée national d’art moderne
© Otobong Nkanga
© Photo Christine Clinckx – MuHKA
Exposition « L’art d’apprendre, une école des créateurs » Centre Pompidou Metz

On remarque notamment la performance vidéo de Camille Llobet à partir de l’apprentissage oral d’une langue inconnue, les posters de Jonathas de Andrade Education pour adultes à partir de la méthode d’alphabétisation de Paulo Freire, la fable technologique du collectif d’architectes italiens Superstudio, la cartographie des extractions minières coloniales en Namibie par Otobong Nkanga ou l’installation praticable de Dan Peterman, grand cercle de sable, plateforme de discussion et d’échanges à l’image de l’Experimental Station, qui annonce les tiers lieux actuels.


CHANG Yung-Ta, scape.unseen_meta-T (ver.1.1.), 2021
Commande du musée des Beaux-Arts de Taipei (TFAM)
© Courtesy of the Artist and Taipei Fine Arts Museum
© Centre Pompidou-Metz / Photo Marc Domage / 2021 / Exposition « Toi et moi, on ne vit pas sur la même planète »

« Toi et moi, on ne vit pas sur la même planète » est la transposition de l’exposition conçue à l’occasion de la 12ème Biennale de Taipei sous le commissariat de Bruno Latour, Martin Guinard et Eva Lin. Il est toujours un exercice délicat de traduire dans un autre espace l’inspiration de départ mais il s’avère que le résultat est plutôt réussi. A la façon d’un planétarium, l’exposition traverse différentes version de la terre, des planètes. A la planète Globalisation qui correspond aux promesses offertes par la globalisation succède la planète Sécurité pour ceux qui se barricadent loin des autres derrière les murs de leur Etat-nation, la planète Exit pour les ultra riches qui peuvent s’offrir de coloniser Mars ou de s’enfermer dans des bunkers survivalistes et enfin la Planète Gaïa au plus près des soubresauts de l’enveloppe terrestre. Parmi les propositions marquantes les figurines mythologiques de l’artiste mexicain Fernando Palma Rodriguez qui ouvrent le parcours sur une note poétique autour de la notion de rebu et de bricolage, la déconstruction des mécanismes de propagande de l’ancien stratège de Donald Trump, Steve Bannon par l’artiste hollandais Jonas Staal, les tapisseries codées de l’artiste mexicain Antonio Vega Macotela autour de liste de fraudeurs fiscaux ou l’installation de l’artiste taiwanais Chang Yung-Ta visant à reproduire le processus d’érosion issu des turbulences de la rivière Li-Wu dans les gorges de Taroko.

Ce voyage se termine aux confins de l’astrologie et de la science-fiction autour de la gravité alternative avec l’artiste taiwanais Chen Yin-Lu et le duo français June Balthazar et Pierre Pauze.

Infos pratiques :

«L’Art d’apprendre. Une école des créateurs »

Jusqu’au 29 août

« Toi et moi, on ne vit pas sur la même planète »

Jusqu’au 4 avril

Catalogue « Ecrire, c’est dessiner » aux éditions Centre Pompidou-Metz,

180 pages, 30 € , disponible à la boutique-librairie du musée

Fermeture hebdomadaire le mardi

10h/18h/19h

Tarifs : 7€ / 10€ / 12€

https://www.centrepompidou-metz.fr/

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