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OVNi : Rencontre Yoan Sorin et Iris Martin

Chambre 12, installation Yoan Sorin & Iris Martin, OVNi 2021 photo Iris Martin

Autre coup de cœur OVNi pour : Yoan Sorin et Iris Martin qui ont répondu à l’invitation de Bérangère Armand commisssaire, dans le cadre de l’exposition Alter Ego à l’Hôtel Villa Rivoli, tandis qu’Iris a été sélectionnée pour le Prix Emergence et présente une vidéo à l’Hôtel West End. Deux univers qui se rejoignent et se construisent au quotidien dans des processus d’allers et retours qu’ils me décryptent sur fond de babillage de leur jeune fils. L’art et la vie…Yoan et Iris ont beaucoup voyagé et vivent à Marseille. L’esthétique du bricolage et du carnavalesque irrigue la création de Yoan qui se sent aussi bien performeur que dessinateur ou peintre. Iris a récemment commencé l’image en mouvement, venant au départ du code et de la programmation.

Genèse de linvitation dOVNi

IM :Tout est passé par les Capucins, centre d’art dans les Hautes Alpes dans lequel Yoan a été en résidence durant l’été 2020. Nous avons construit ensemble la proposition. L’installation « Chambre 12 » partait de notre réaction potentielle à l’espace.

En ce qui concerne le Prix Sud Emergence j’ai envoyé une première vidéo que Bérangère a bien apprécié en me demandant si j’en avais d’autres car elle pensait à un éventuel projet au musée d’art naïf qui finalement n’a pas eu lieu. Puis quelques jours après, elle m’a annoncé que la vidéo avait été sélectionnée pour le Prix Sud Emergence. La vidéo « My screen gif »part d’archives que j’ai accumulées depuis plusieurs années. Je n’avais pas cette idée au départ. Je n’ai commencé que récemment l’image en mouvement.

IM Les deux vidéos sont programmées à la suite. L’une part de scans que j’ai réalisés dans la chambre avant l’installation mixée à d’autres images. Je scane le volume et la texture également.

Nous faisons un parallèle entre la chambre d’hôtel et le chat room, ce vocabulaire de l’hébergement que partage l’hôtellerie et internet. Cette installation a commencé dans une ère pré-Covid avec l’omniprésence de l’écran dans nos rapports sociaux.

YS : Je souhaitais rendre grotesque la présence de ces deux corps, deux personnes qui sont dans leur lit. Les personnages tiennent des téléphones hors d’usage récupérés. J’utilise des éléments très simples autour de la récupération dans un esprit carnavalesque. Je recours aussi au masque lors de mes performances quand j’incarne des personnages fictionnels ou réels. L’un des masques que j’avais utilisé dans le cadre de ma performance pour le festival Actoral lors de Manifesta est exposé ici. Ce projet concernait une agence de voyage fictive pensée avec l’artiste Io Burgard et la commissaire d’exposition Solenn Morel où j’interprétais un guide touristique et créais des ambiances sonores avec différents accessoires comme un bruiteur de cinéma. L’idée était de répondre à l’invitation des commerçants et ateliers artistiques de la rue de Jean de Bernardy. Au moment où ces commerçants avaient dû fermer pendant plusieurs mois et rencontraient des difficultés financières, nous tenions à ce que la proposition s’inscrive dans leurs boutiques pour favoriser les échanges et le passage.

A deux pas du silence, le solo show de Yoan à lespace 14n61w (Fort de France)

YS : Pour retracer la continuité, il y a tout un processus qui part du dessin dans lequel j’ai ajouté de la couleur puis j’ai commencé à peindre et à fabriquer des objets qui sont devenus des sculptures, elles-mêmes devenues des installations. Dès lors comme il me manquait la présence du corps, j’ai commencé la performance.

C’est l’une de mes premières expositions personnelles de peinture mais que j’aborde par le biais de pinceaux hybrides qui tendent vers des instruments de percussion : grelots, tambourins. Chaque geste est sonore et si la finalité est la peinture, se dégage l’idée de la percussion et du rythme. J’ai cherché à me détourner de l’objectif principal pour me confronter assez naïvement au medium qui porte une grande partie de l’histoire de l’art. Je voulais évacuer toutes ces références. En ce qui concerne mes inspirations un artiste comme Malaval a été important. J’apprécie aussi Support Surface et Betty Woodman. Je réalise que tout ce que je réalisais en termes de performance et d’installation pouvait tout d’un coup se concentrer en un petit format.

Yoan Sorin, A deux pas du silence photo 14n61w

Créer à deux

YS : J’ai intégré dans mon travail personnel le travail de duo depuis longtemps et cela me permet d’accéder à de nouveaux territoires ou de nouvelles pratiques que je ne me serais pas autorisé seul. De plus il y a quelque chose de très évident avec le fait de partager notre vie car pour l’un comme pour l’autre notre vie et notre art se confondent en permanence. Nous ne travaillons pas dans un atelier mais dans notre salon, notre cuisine… Ce rapport à l’intime est signalé par un certain nombre d’objets qui deviennent une part de l’installation. C’est comme cela que nous avons construit le projet à partir d’une chambre d’hôtel fictive avec des objets qui venaient de notre chambre. Ces allers et retours nous nourrissent et nourrissent notre pratique.

C’était l’occasion de travailler ensemble et d’essayer de mélanger deux univers et même si j’ai plus un attachement à l’installation et la performance. Le choix des matériaux se fait en commun. Etant dans une pratique plus liée au corps et à l’installation j’étais assez éloigné de ce qui concerne la vidéo. C’est en quelque sorte une nouvelle aventure pour moi. J’essaie à chaque fois que je rencontre un nouveau medium de garder la même approche autour de l’idée du bricolage pour intégrer des outils composites de ma fabrication.

IM : Nous avons été voir l’exposition de David Hockney à Bruxelles, cela nous a permis d’ouvrir des perspectives et de comprendre ce parallèle entre numérique et peinture et à quel point ce processus rendait l’artiste heureux.

Que pensez-vous des autres propositions du prix Emergence ?

YS : Des propositions très variées, des artistes confirmés, d’autres moins connus et des moyens mobilisés différents.

IT :Je connaissais Léna Durr (prix Sud Emergence) qui avait exposé à Videochroniques Marseille. J’ai bien aimé la vidéo et l’installation de Hayoung Kim (Prix OVNi).

OVNi 2021 A lion in my room

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Sites des artistes : 

http://ddab.org/fr/oeuvres/Sorin

https://secret-salad.space/

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