Le 13ème Prix SAM pour l’art contemporain 2021 est décerné à Dalila Dalléas
Bouzar. L’artiste a été choisie jeudi 9 décembre à l’issue des délibérations du
comité scientifique 2020 composé de Sandra Hegedüs, Gaël Charbau, Marta Gilli,
Sebastien Gokalp, Emma Lavigne, Matthieu Lelièvre, Jean-Hubert Martin et Jérôme
Sans.
Grâce à la dotation du Prix SAM, Dalila Dalléas Bouzar réalisera son ambitieux projet
de tapisserie de velours noir brodée de 30 m de long et 3 m de large. Les dessins
composant la fresque de la tapisserie seront inspirés des gravures et peintures
rupestres du Tassili se trouvant dans le désert en Algérie. Grâce au Prix SAM, ce
projet sera présenté au public dans une exposition au Palais de Tokyo sous forme
d’installation immersive dans laquelle le public pourra vivre une expérience
collective. L’installation recréera un ersatz de tente nomade dont les 3 murs
seront constitués par la tapisserie.
Afin de vivre une expérience collective propice à l’échange, à la contemplation,
au repos et à la rêverie, chacun sera invité à se munir d’une couverture pour
habiter, traverser cet espace, s’y asseoir, s’y coucher, la porter sur soi.
La couverture est très importante dans la culture algérienne notamment car
c’est un élément incontournable de la dot de la mariée. Au-delà de l’Algérie
la couverture est élément transversal de nombreuses cultures dans le monde
symbolisant le nomadisme, la protection, le voyage, le corps.
Les cinq finalistes du Prix SAM 2021, 13ème édition, étaient :
Dalila DALLÉAS BOUZAR, représentée par la galerie Cécile Fakhoury
Jenny FEAL, représentée par la galerie Dohyang Lee
Nathanaëlle HERBELIN, représentée par la galerie Jousse Entreprise
Anne LE TROTER, représentée par la galerie Frank Elbaz
Georges SENGA, représenté par la galerie Imane Fares
Dalila Dalléas Bouzar :
Dessinatrice depuis toujours, Dalila Dalléas Bouzar s’est d’abord formée à la
biologie avant de découvrir la peinture lors d’un workshop à Berlin. Devenue pour
elle un défi permanent, elle s’inscrit aux Beaux-arts de Paris pour perfectionner
cette pratique qui devient son medium de prédilection.
Du politique à l’historique, du biologique au psychologique, son œuvre interroge à
plusieurs niveaux les pouvoirs de la représentation picturale, à rebours de toute
tendance expressionniste ou illustrative. Son obsession à peindre des corps et des
visages (les siens comme ceux des autres) traduit sa volonté de considérer le
portrait comme un moyen d’investigation identitaire ou d’expression critique des
rapports de domination, qu’il s’agisse du patriarcat ou du colonialisme.
Particulièrement sensible aux violences faites aux corps, elle considère la peinture
comme un moyen de préserver, de régénérer ou de réinventer leur intégrité. Sa
pratique s’est élargie à la performance puis à l’art textile, deux moyens d’éprouver
son corps dans la forme rituelle et la création collective.
Née à Oran, de parents algériens, elle tire de sa double culture d’autres rapports à
l’image, à l’objet et au sacré, attentive aux dissonances culturelles qu’elle crée
comme à l’hégémonie des représentations occidentales dans l’histoire de l’art. Elle
qui s’identifie avant tout aux femmes africaines et à leurs traditions puise dans la
mémoire algérienne les formes d’une histoire de la violence à laquelle son œuvre
vient répondre.