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Also Known As Africa 2021 : coups de coeur

Ymane CHABI GARA Hikikomori, 3 2020 courtesy the artist/By Lara Sedbon

Alors que la France a restitué au Bénin le trésor royal d’Abomey conservé au Musée du Quai Branly et s’engage à hauteur de 35 millions d’euros pour le futur musée de l’Epopée des amazones et des rois du Dahomé à Abomey, cette question des restitutions qui engage une relecture des arts premiers  rejaillit aussi sur les mécanismes de l’art contemporain africain et appelle à une meilleure structuration. C’est à quoi s’engage Victoria Mann, fondatrice et directrice d’AKAA art fair, comme elle nous l’expliquait lors d’un récent entretien (relire). Cette 6ème édition qui retrouve le Carreau du Temple tient toutes ses promesses avec de belles découvertes autour d’un total de 34 galeries internationales (Europe, Afrique et Etats-Unis). Morné Visagie (galerie Nuweland) déploie une installation monumentale suspendue dans une palette de bleus, rouges et or entre chute des corps et récits de l’absence.

La maison de vente aux enchères anglaise Bonhams qui entre dans le jeu avec une vente le 13, est visible à travers l’un des plus grands stands.

Coups de cœur et immanquables :

Ymane CHABI GARA (By Lara Sedbon, Paris)

« J’ai toujours peu pensé à mon rapport à l’Afrique en tant que peintre française dont les parents sont originaires du Bénin »

Elle opère dans ses peintures une synthèse d’influences à l’ère des réseaux sociaux et se penche en particulier sur le phénomène des Hikikomori dans la société japonaise actuelle désignant ces jeunes qui décident de se retirer du monde dans leur intérieur, d’où la sphère domestique mise en avant chez elle. Diplômée des Beaux-Arts de Paris elle a été sélectionnée dans la Collection de la Société Générale et fait partie de l’exposition curatée par Marie-Ann Yamsi, Transport Commun.  L’artiste est aussi visible dans l’exposition des finalistes Révélations Emerige. Elle a également reçu le Prix Sisley pour la jeune création. Une valeur montante à suivre.

Leslie AMINE (Anne de Villepoix, Paris)

Autre peintre franco-béninoise, Leslie Amine, révélée lors du 54ème Salon de Montrouge qui opère des métissages dans des univers luxuriants où des figures jouent des scenarii troublants en contre plongée. Un art du story telling dont le dénouement reste incertain.

Alida Rodrigues Courtesy THIS IS NOT A WHITE CUBE GALLERY

Alida Rodrigues (This is not a white cube, Lisbonne, Luanda)

La mémoire, les traces, les récits invisibles de l’histoire habitent l’œuvre de la photographe née en Angola et basée à Londres. Dans une démarche anthropologique elle opère des collages à partir de portraits anciens et de gravures. Il est autant question de manipulations que de réparations.

Jean-David NKOT (Afikaris, Paris)

Diplômé des Beaux-Arts de Foumban (Cameroun) et de l’Ecole Nationale d’Arts de Paris-Cergy, les personnages de ses peintures choisis parmi ses contemporains à Douala sont entourés de bulles de textes reliées entre elles qui infiltrent le récit d’une voix off pour dénoncer les extractions minières, les exploitations des enfants ou toute forme d’injustice. Une mise en lumière des marges de l’histoire.

Delano DUNN (Montague Contempory, New York)

Ses recherches autour de la « Black Utopia » et de l’afro-américanisme le conduisent à réemployer des matériaux de rebut, ici, les paillettes, dans d’anciennes caricatures du XXème siècle de personnages historiques souvent opprimés qu’il détourne. Il a reçu de nombreux prix et a été repéré par des médias américains de poids.

Talia Ramkilawan Thinking about her thinking about me 2021 © Bernard Brand, Courtesy BKhz Gallery

Talia Ramkilawan (BKhz gallery, Johannesburg)

Si l’œuvre de Wonder Bhule a été reprise pour l’affiche de cette édition, mon attention se porte également sur Talia Ramkilawan, née en Afrique du sud qui interroge les identités queer indiennes de par son vécu. La tapisserie, la vidéo, la performance font partie de ses terrains d’expérimentations.

Aristote Mago : carte blanche AKAA 2021

L’artiste invité, originaire de Kinshasa, part de sacs de toile de jute, symboles du transport de marchandises destinées à l’export, pour dénoncer ces circuits d’exploitation et de prédation des ressources du Congo et de l’Afrique. Ses fils brodés et les tampons reprenant les codes du commerce font mouche dans des scènes très politiques.

Adel Bentounsi (Rhizome gallery, Alger)

Pour l’artiste né en Algérie et vivant en France, l’art est une question de résistance. Après avoir brûlé toutes ses peintures en performant cet autodafé. Il cherche à déconstruire les codes de représentation et les tabous. Dans cette sculpture de fleurs les barbelés suggèrent une violence attente et entravent une lecture des genres de l’histoire de l’art. De même avec ses dessins qui nous entrainent dans de multiples circonvolutions. Il a fait partie de l’exposition collective à la Maison des Arts de Malakoff en 2019, Quelque part entre le silence et les parlers.

Ndokette Session, « Untitled », photographie, impression sur papier d’archive Ndokette Session.

Ibrahima Ndome  et le collectif Ndokette (Fonds de dotation et Prix ellipse art projects)

Ibrahima Ndome (Dakar), Safi Niang (Conakry/Paris), et Souleymane Bachir Diaw (Dakar/Paris) sont les membres du collectif Atelier Ndokette (= tunique en sénégalais). Leur projet multidisciplinaire Un futur présent  alliant photographie, peinture, vidéo et textile, à partir de ce marqueur culturel identitaire, qu’est le vêtement, questionne les enjeux de différents écosystèmes socio-culturels contemporains. Ndokette se veut un véritable laboratoire d’échanges et de solutions. Le Prix Ellipse leur offre notamment une résidence de production à la Cité internationale des arts de Paris.

Infos pratiques :

Vernissage
11 novembre 2021 18h-22h
Grand public
12/13 novembre 12h-20h
14 novembre 12h-18h

Billet vernissage : 30€

Billet vernissage +

ART BOOK : 59€

Billet journalier plein tarif : 16€

Carreau du Temple

Entrée Générale
4 rue Eugène Spuller, 75003 Paris

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