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A day of in Brussels : Broodthaers, Fred Sandback, Galila’s P.O.C, ING art center…

Vue installation “Marcel Broodthaers – Poèmes industriels lettres ouvertes” WIELS, Brussels-2021 Photo Philippe De Gobert

On saute dans un Thalys et dépaysement garanti.. Si le « plat pays » est connu pour son hospitalité, l’humour est aussi un trait caractéristique de nos voisins belges. C’est en tous cas l’angle choisi par l’ING Art Center en partenariat avec le Centre Pompidou sous la bannière Hahaha l’Humour de l’Art. Le commissaire Nicolas Liucci-Goutnikov qui nous avait impressionné avec l’exposition Rouge, art et utopie au pays des soviets (2019, Grand Palais) redonne toute sa place à la parodie et à l’auto dérision dans l’avancée des avant-gardes à partir d’une sélection de 200 oeuvres et documents d’archives. Des pratiques subversives qui s’inscrivent à Paris dès le XVIIIème siècle traversent le XIXème dans le Bruxelles Belle Epoque avec le musée de Joseph Ghémar pour arriver à Magritte et sa période vache ou Duchamp et ses oeuvres à jouer. Dans cette mouvance le trublion Wim Delvoye a emballé sa machine à excréments Cloaca -héritière de la merdre d’artiste de Manzani- comme une poupée Barbie de chez Mattel. Canulars, cadavres exquis jusqu’à la parodie pure avec les détournements de Mondrian par Sylvie Fleury ou Marcel Marien, les Mondrianités et désacralisation du suprématisme par Alexander Kasolapov qui combine Malevitch avec Malboro. Agnès Thurnauer s’attaque à la surreprésentation des artistes masculins « La Corbusier, Francine Bacon », tandis que Michel Blazy soumet des rouleaux de papier toilette à une dégradation annoncée. Dans les anciennes salles du coffre de la banque le parcours revisite quelques maîtres es-boufonneries comme Dali qui met en scène chacune de ses appariations et ne cache pas son cynisme par rapport à l’argent. Il ne s’agit donc pas que d’humour dans cette exposition qui s’inscrit dans les grands courants de la modernité.

Vue installation Hahaha l’Humour de l’Art, ING Art Center-Centre Pompidou photo Marie de la Fresnaye

Marcel Broodthaers, l’un des grands héros de cette entreprise de rébellion présent notamment avec son fameux lingot fait la transition avec l’exposition que lui consacre le WIELS autour d’un aspect bien spécifique de sa création : les poèmes industriels ou plaques en plastique et les Lettres ouvertes.

Comme le souligne Dirk Snauwaert, ces plaques ont été réalisées dans le quartier de Forest tout près du Wiels, une notion de proximité importante et cet inventaire n’avait jamais été réalisé. Dans le contexte de mai 68, la sérialité et reproductibilité de ces plaques renvoie à une remise en question de l’art et son autorité. De plus la poésie qui émane des signes linguistiques et éléments graphiques sous forme de rébus reprend des slogans de la publicité pour mieux en vider le sens. L’accrochage considéré comme historique de 1969 reconstitué est aussi un élément remarquable.

R. H. Quaytman – The Modern Subjects of Antoine Wiertz. Studies for Chapter Zero, 2020: Mixed media on paper (Detail). Courtesy the artist and Gladstone gallery, New York, Brussels.

Si Broothaers connaissait Antoine Wietz, cela a été une découverte pour l’artiste R.H Quaytman qui en fait le point de départ de son projet suite à sa visite de son atelier-musée. A partir du sujet de la détresse des femmes qui devaient travailler que le peintre romantique traduit dans des allégories mettant en scène des femmes géantes en voie d’émancipation, elle prélève des fragments qu’elle recycle ensuite selon sa pratique sémantique.

R. H. Quaytman – The Modern Subjects of Antoine Wiertz. Studies for Chapter Zero, 2020: Mixed media on paper (Detail). Courtesy the artist and Gladstone gallery, New York, Brussels.

Changement de décor avec la Fondation CAB qui accueille un projet spécifique de Fred Sandback. Ses sculptures minimales sont toujours une réponse au lieu et la lumière naturelle de la verrière jouent un rôle important ici. Comme me l’explique Elenore de Sadeleer le défi a été de faire entrer un grand triangle « brisé » entre le seuil de la fondation et la salle suivante dans l’illusion d’une continuité. Comme une partition musicale, les couleurs et matériaux dessinent une chorégraphie à nulle autre pareil. A la recherche de la forme pure. La Fondation CAB dans le cadre de son programme de résidences accueille actuellement l’artiste français Nicolas Chardon.

Fred Sandback CAB Fondation

Le musée juif de Belgique sous l’impulsion de Barbara Cuglietta que j’avais déjà interviewée (lien vers) lance plusieurs invitations et notamment dans le cadre de la Brussels Drawing Week à la collectionneuse belge née à Tel Aviv, Galila Barzilai HollanderGalila’s P.O.C, passion obsession collection- d’exposer une partie de ses oeuvres sur papier et le résultat est fascinant. C’est le dessin dans tous ses états entre des signatures d’artistes mondialement connus et d’autres plus émergents. L’accrochage est particulièrement réussi.

Works on Paper, Galila’s Collection vue installation © Isabelle Arthuis

Du côté des galeries, je retiens : Thomas Lerooy chez Rodolphe Janssen If you feel more than butterflies in your stomach, Si vous ressentez des papillons dans votre estomac.. selon l’expérience de l’artiste des sacs distribués dans les avions pour éviter de vomir partout et l’état que l’on ressent quand on est amoureux. Une dualité librement assumée.

Lynda Benglis, Xavier Hufkens

Xavier Hufkens avec Lynda Benglis Noeuds et nus, sculptures murales tubulaires en papier et un grand bronze doré réfléchissant. Dans des tons couleur chair, ces sculptures récentes portent la trace de leur processus de fabrication et métamorphose. Récemment exposée au Centre Pompidou dans le cadre de « Elles font l’abstraction » on connait l’artiste pour ses positions radicales et féministes.

Roger Herman, ceramic Sorry We Are Closed

Roger Herman, céramiques et le Soleil Blanc d’Adrien Vescovi par Sorry We Are Closed

Sébastien Janssen fait coup double avec l’artiste allemand Roger Herman qui transpose dans la céramique de nombreuses techniques de dessin et de gravure en les mêlant à des glaçures colorées ou au contraire sombres. Une large palette expérimentale. De plus l’espace de la galerie offrant une exceptionnelle hauteur sous plafond, l’artiste marseillais Adrien Vescovi y déploie depuis samedi, Soleil Blanc, grand dispositif de toiles suspendues aux confins de la peinture et de la performance. L’artiste est sélectionné dans la short liste du 22ème Prix Fondation Ricard et fait partie de l’exposition parisienne Bonnaventure.

Valérie Mannaerts « Freedom to Think of Things in Themselves », 2020
Textile, newspaper cutouts, canvas, wire, metal, glass courtesy the artist, Bernier Eliades

La galerie Bernier/ Eliades dans un élégant espace proche de Chatelain, expose l’artiste Valérie Mannaerts qui aime aussi jouer avec les matériaux dans des scénographies de son invention. La grande sculpture faite de dessins sur une pièce de toile brute représentant des portraits de femmes, brouille les limites et les échelles. Comme un tableau dans le tableau.

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