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Georgia O’Keeffe, une icône au Nouveau Mexique

Georgia O’Keeffe Ram’s Head, White Hollyhock-Hills (Ram’s Head and White Hollyhock, New Mexico), 1935 Huile sur toile, 76,2 × 91,4 cm Brooklyn Museum. Bequest of Edith and Milton Lowenthal (1992.11.28) Photo Brooklyn Museum © Georgia O’Keeffe Museum / Adagp, Paris, 2021

« Je vais tout sacrifier pour mon art » Georgia O’Keeffe

Fille d’émigrés de l’Europe de l’Est née dans un ranch du Wisconsin, Georgia O’Keeffe représente non seulement l’une des grandes figures de l’art américain mais également l’affirmation d’un destin.

Sa mère Ida veut que ses filles soient indépendantes et réussissent. Georgia est envoyée dans un pensionnat protestant puis s’inscrit à l’Art Student League. Elle adhère au National Women Party et refusera toute sa vie le terme de femme artiste.

Elle ouvre la voie à de nombreuses femmes et n’a de cesse de forger son indépendance au sein de son couple avec Alfred Stieglitz, photographe et fondateur de la galerie 291, son compagnon de vie et de travail par-delà la distance qu’elle instaure depuis ce Grand Ouest qui l’a fascine. Tellement de choses ont été écrites sur cette pionnière qui devient l’artiste femme la plus photographiée après Marilyn Monroe, qu’il semble illusoire d’en rajouter. Et pourtant l’extraordinaire exposition du Centre Pompidou lève le voile sur des aspects encore inconnus en Europe de son œuvre et de son parcours.  Une première en France relative tardive qui s’explique par notre retard d’évaluation de nombreux artistes américains modernes, comme le précise le commissaire David Ottinger, immensément célébrée dans son pays, à qui le MoMA consacre une rétrospective dès 1946.  

Georgia O’Keeffe, Oriental Poppies, 1927 Huile sur toile, 76,7 × 102,1 cm Collection of the Frederick R. Weisman Art Museum at the University of Minnesota, Minneapolis. Museum Purchase (1937.1) Image Weisman Art Museum at the University of Minnesota, Minneapolis © Georgia O’Keeffe Museum / Adagp, Paris, 2021

Si elle doit beaucoup à Stieglitz il n’est pas non plus celui qui l’a révèle et elle a déjà conscience de sa vocation quand elle arrive à New York. Alors qu’il expose ses nus ce qui créé un malentendu dès le départ d’autant que Stieglitz est toujours marié, elle s’affranchit vite du quand dira ton et traduit sa fascination pour les gratte-ciel qu’elle admire depuis leur suite au Shelton Hotel. C’est dans la propriété de la famille Stieglitz à Lake George qu’ils vont connaitre une réelle félicité. Au milieu de la nature elle célèbre une fusion avec les éléments mêlée à une tendance à l’abstraction. Les ciels étoilés célèbrent pour elle une vision cosmique et panthéiste qui trouvera sa plénitude au Nouveau Mexique. Si elle est restée connue pour ses fleurs en gros plan, un effet blow up hérité de la photographie, elle ne veut pas se faire enfermer dans ce genre. Après plusieurs séjours à l’ouest à Taos chez son amie mécène Mabel Dodge qui accueille une colonie d’artiste, elle décide de rompre avec Stieglitz qui tombe sous le charme de la jeune Dorothy Norman apprentie photographe employée à la galerie.

C’est alors que s’ouvre la période la plus enthousiasmante de sa carrière, celle des danses indiennes, des poupées Kachinas, des ossements collectés dans le désert lors de ses randonnées depuis cette maison d’Abiquiù qu’elle achète, « pour sa fenêtre et son patio » comme elle le précise, deux motifs qui deviennent omniprésents.  Elle se frotte à cette nature sauvage et désolée : collines, reliefs, lits de rivière qui tendent à l’épure sous le trait de son pinceau, annonçant la peinture hard edge et le minimalisme des générations à venir. C’est donc une occasion unique que de la redécouvrir, d’autant que cette rétrospective qui nous vient du Musée Thyssen de Madrid part ensuite à la Fondation Beyeler en Suisse. Trois institutions au diapason de la magie O’Keeffe !

Infos pratiques :

Georgia O’Keeffe

Jusqu’au 6 décembre

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