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Interview Wim Waelput, directeur de La Loge : « Valoriser notre ancrage local dans une discussion internationale et globale »

Wim Waelput, director La Loge Courtesy La Loge photo © Lola Pertsowsky

Après 14 ans passés à KIOSK, institution gantoise qu’il a fondée, Wim Waelput a pris la
direction de La Loge à Bruxelles en janvier 2020. J’avais interviewé Anne-Claire Schmitz, la précédente directrice à l’occasion de son commissariat pour la Biennale de Venise et j’étais impatiente de connaitre les ambitions de son successeur pour ce lieu à l’identité unique qui a su s’imposer sur la scène belge et internationale. Un nouveau chapitre qu’il ouvre sous le signe des convergences dans une dimension écologique devenue prioritaire.

Qu’est-ce qui a motivé votre souhait de prendre la direction de La Loge ? et quelle
image aviez-vous de ce lieu ?

En tant que Belge, je connaissais bien Anne-Claire Schmitz et La Loge et visitais régulièrement La Loge et ses expositions toujours très pointues et ouvertes à d’autres domaines.

L’identité du lieu et son architecture singulière liés à l’histoire de la franc-maçonnerie et du modernisme m’ont toujours interpellé.
Après 14 ans passés à Gand à la tête de KIOSK que j’ai fondé, il était temps de laisser la place à quelqu’un d’autre. C’est pourquoi quand j’ai vu le poste à La Loge j’ai tout de suite postulé. J’aime être impliqué au sein des équipes et j’avais la possibilité ici d’ouvrir à d’autres champs y compris sociaux. Il y a toujours eu cet aspect discursif dans la programmation de La Loge et des échanges avec des chercheurs, des penseurs, qui ont toujours nourri mes réflexions. Sans oublier le contexte de Bruxelles et son écosystème très dynamique où gravitent autour de nombreuses institutions, galeries et artistes et qui me stimulaient pour développer un programme. Tous ces éléments confortaient mon envie de travailler ici.

Exhibition view Reclaiming places-01.05-03.07.21 La Loge Brussels courtesy of the artists and La Loge image Lola Pertsowsky

Vous avez déclaré à votre arrivée : « Je souhaite faciliter la possibilité d’un dialogue ouvert et unique entre les artistes, les architectes, les penseurs, le monde de l’art international et la communauté locale et le public au sens large. » , comment cela va-t-il se traduire ?

Je pense qu’il me fallait un temps de réflexion entre ma nomination et la prise de fonction effective. Je suis arrivé à une période charnière pour écrire ce nouveau chapitre de La Loge. Nous étions alors en janvier, puis le COVID est arrivé avec les conséquences que l’on connait qui ont un impact direct sur la construction de notre avenir.
Mon idée est d’inscrire la programmation que l’on construit dans une certaine continuité autour de l’articulation entre l’art, l’architecture et la recherche qui est l’ADN de La Loge tout en prenant en compte des urgences (écologique et d’inclusion) renforcées pendant le confinement. Nous avons par exemple créé une plateforme digitale complémentaire au site internet traditionnel pour continuer à partager le contenu du programme malgré les contraintes de distanciation. Ces nouvelles formes de programmation et de diffusion vont de facto implémenter nos choix, en parallèle à cette réflexion sur le futur de l’institution. Nous devions en quelque sorte nous réinventer dans un contexte qui a beaucoup évolué.

Cette ouverture à d’autres formes de connaissances et de pratiques va s’intensifier, je
pense, pour pouvoir répondre aux questions écologiques devenues prioritaires.
Nous nous sommes beaucoup concentrés sur ces enjeux déhiérarchisation et je préfère ce terme à « décolonisation » car cela couvre plus de domaines. Le projet « A Common Breath » développé de façon hybride en ligne et à La Loge pendant le confinement se voulait une première réponse à ce contexte. De même avec « Reclaiming Places » qui s’inscrit dans la poursuite de la réflexion autour des nouvelles façons d’habiter le monde et contextes géopolitiques émergents.

Exhibition view Reclaiming places-01.05-03.07.21 La Loge Brussels courtesy of the artists and La Loge image Lola Pertsowsky

Quelles synergies locales et internationales comptez-vous mettre en oeuvre ?

Même si La Loge s’inscrit pleinement dans le contexte bruxellois, elle a toujours eu un
lien très fort avec la scène internationale y compris pendant la période du confinement où nous avons réussi à rester en contact avec notre public étranger. Cela fait partie de notre rôle et se traduit dans notre programmation comme en début de saison avec le projet de Hana Miletić, ainsi que l’exposition de Mona Vătămanu & Florin Tudor autour de Bucarest et le lien entre l’idéologie, la politique, l’architecture et l’espace public. Dans le prolongement de ces problématiques, le programme public de l’automne 2020 « In Between Utopia and Failure » visait à resituer les enjeux de l’exposition de Vătămanu & Tudor dans le contexte local bruxellois. Nous souhaitons valoriser cet ancrage local dans une discussion internationale et globale.
Nous avons collaboré à l’occasion de ce programme avec le centre d’art ARGOS à partir
de leur archive audiovisuelle – en intégrant par exemple des films de Jef Cornelis, Herman Asselberghs. Nous souhaitons privilégier des collaborations en phase avec les enjeux que nous poursuivons.

En ce qui concerne l’exposition rétrospective de l’artiste Chiara Fumai (09.09-13.11.21), nous étudions actuellement la possibilité d’une collaboration bruxelloise complémentaire possible avec Le WIELS. Au niveau local, plutôt que de proposer de simples collaborations d’expositions communes, nous souhaitons contribuer à une fédération de compétences et d’expertises.

Il y a aussi de nombreux festivals à Bruxelles avec qui l’on est en contact – même s’il est encore trop tôt pour en parler. Parmi nos projets à venir, je peux annoncer l’exposition
avec Joar Nango qu’on introduit déjà dans l’exposition « Reclaiming Places » avec la présentation de son œuvre Indigenuity Manifesto.

Je reste donc très ouvert à toutes ces formes de synergies, même si il est encore difficile
de se projeter après l’incertitude que nous avons connue lors de ces derniers mois. La concrétisation de certains projets n’est pas encore totalement acquise.


La rétrospective Chiara Fumai

L’exposition s’inscrit dans le cadre d’une collaboration internationale entre le Centre d’art
contemporain de Genève (2020), le Centro Pecci à Prato (2021), (Italie), La Loge et La Casa Encendida à (Madrid (2022). Nous avions déjà pris contact avec la Fondation qui gère l’Estate (The Church of Chiara Fumai) de l’artiste décédée prématurément et les autres institutions nous ont alors proposé de les rejoindre. Je souhaite développer davantage ce genre de collaborations internationales qui apportent plus de visibilité et de possibilités en termes de production notamment.

Infos pratiques :

Reclaiming Places

Avec : Marwa Arsanios, Marjolijn Dijkman, Laura Huertas Millán, Joar Nango, Otobong Nkanga

jusqu’au 3 juillet

https://www.la-loge.be/

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