Dana Scruggs Nyadhour, Elevated, Vallée de la Mort, Californie 2019 The New Black Vanguard
Nouveau directeur : Christoph Wiesner, nouvelle identité graphique très minimale (un grand A comme un signal et la photographie de SMITH), nouveaux lieux, la 52ème édition du festival d’Arles devrait ouvrir sous les meilleurs auspices. Si l’édition 2020 n’a pu avoir lieu, les Prix ont été remis aux artistes et certaines expositions seront visibles, ce sont ce félicite le nouveau maire d’Arles, Patrick de Carolis, par ailleurs président de l’Ecole nationale supérieure de la photographie (ENSP). Tout un symbole dans la cité camarguaise qui a été longtemps un fief communiste. Christoph Wiesner emprunte à Georges Didi-Huberman son titre La survivance des lucioles pour placer cette édition sous le signe d’une constellation lumineuse de la résistance.
Cap sur les émergences avec le Prix Découverte Louis Roederer augmenté d’un format incluant, en plus des galeries, tous les lieux d’exposition dans son processus de sélection. Cette année, les 11 projets retenus sont considérés comme une seule et même exposition, pensée, de la sélection à l’accrochage, par une commissaire, Sonia Voss dans le cadre magique de l’église des Frères-Prêcheurs. Au Jardin des voyageurs (nouveau) dans le cadre de la Saison Africa 2020 la série de Lebogang Tlhako (Bourse de recherche curatoriale – projets Afrique des Rencontres d’Arles et de l’Institut français) revisite avec nostalgie ses relations avec sa mère et leur incidence sur son devenir photographe. La lauréate 2020 de la Résidence BMW, Almudena Romero exposera au Cloître Saint-Trophime, ses expérimentations du végétal comme nouvel usage responsable de la photographie : The Pigment Change.
Thème majeur de cette édition : Identités/Fluidités convoque notamment les Masculinités et toute l’ambivalence des codes de représentation et stéréotypes à partir d’une cinquantaine d’artistes et de réalisateurs internationaux. Une traversée passionnante aux confins du pouvoir, du patriarcat, de MeToo, ..Autre prise de pouvoir des corps dans l’espace avec les Princes de la rue de Clarisse Hahn qui s’est penché sur les vendeurs de cigarettes du métro Barbès, ces héros du quotidien. Les féministes se rebellent et pensent le monde d’après à l’Espace Van Gogh avec « Puisqu’il fallait tout repenser ». Enfin le corps noir apparait sous une forme d’activisme visuel dans une hybridation art et mode avec The New Black Vanguard.
Atlas, autre grands volet de cette édition cristallise un certain nombre de voyages et de regards du monde entier, du Soudan avec cette nouvelle génération de photographes qui se rebellent THAWRA! RÉVOLUTION ! à l’Afrique du Sud avec Pieter Hugo et son art du portrait (Saison Africa 2020) à la Corée du Nord avec Stephan Gladieu (Jardin d’été), aux grandes mégapoles africaines : Lagos, Le Caire et Kinshasa, villes hybrides et multiples (Jardin des voyageurs) jusqu’au Seuil de pauvreté observé sur 6 continents et 36 pays par CHOW & LIN.
Un accent particulier est mis sur Sabine Weiss à l’occasion de ses 97 ans dans la très belle chapelle du Museon l’Arlatan tout juste restaurée et sur une autre grande dame Charlotte Perriand autour de ses photomontages et archives, tandis que Dorothea Lange est célébrée au Musée Réattu (donation Sam Stourdzé, hors programme). Enfin, hommage au cinéma avec la Nouvelle Vague de Raymond Cauchetier à l’Abbaye de Montmajour.
Des manifestations satellites en résonance complètent favorablement ce panorama notamment à l’Espace Croisière (Association du Méjan) tandis que le Grand Arles Express continue d’essaimer sur le territoire, à Avignon à la Collection Lambert avec Jérôme Taub, à Marseille au Centre Photographique avec Camille Fallet et Katia Kameli au Frac, à Mougins dans le nouveau centre de photographie avec Isabel Munoz ou à Nîmes au Carré d’art avec Walid Raad et Jeff Weber.
Une édition très attendue donc dans un contexte que l’on espère apaisé alors que la nouvelle fondation LUMA va s’inscrire définitivement dans le paysage et bousculer les lignes sous la férule de la collectionneuse suisse Maja Hoffmann qui a opéré une petite révolution symbolisée par la haute tour de Frank Gehry, pavillon de son futur campus artistique.
Infos pratiques :
du 4 juillet au 29 septembre
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