Anne Vierstraete, Managing Director Art Brussels, photo David Plas
Alors que l’édition 2021 d’Art Brussels doit être reportée finalement au printemps 2022, Anne Vierstraete directrice de la foire nous présente les alternatives imaginées. D’une part une Art Brussels Week dans les galeries et en ville en avril (sur le modèle de la Brafa et Frieze), conjointement à la Online Viewing Room (Artsy) et en juin une version limitée à une sélection de galeries belges et pays frontaliers : la Art Brussels Summer Edition sur le site de Tour & Taxis.
Quelles décisions vous ont conduites à reporter l’édition d’Art Brussels au printemps 2022 ?
Le report de la foire à avril 2022 repose sur les constats suivants :
- programmer une foire internationale fin avril 2021 n’était pas réaliste au vu de l’évolution de la pandémie : découverte de variants du virus, haut degré de contagion, situation critique dans de nombreux pays, restrictions de voyage, etc. ;
- la programmer à l’automne 2021 n’était pas envisageable à la vue du calendrier des foires d’art internationale particulièrement chargé en raison des foires reportées (Art Basel, Tefaf, etc) en plus des foires se tenant habituellement en automne ;
- Dès lors, nous n’avions plus d’autre option qu’espérer jouer la carte de la certitude en optant pour avril 2022.
L’une des alternatives est la Art Brussels Week, quelles alternatives (Brafa in the Galleries) vont-ont elles inspirées ?
Il y a eu, que ce soit à Bruxelles ou ailleurs, des initiatives pour marquer le « momentum » d’une foire dans la ville où elle se tient, notamment aussi avec la Frieze Week à Londres.
Ce que des moments comme le Brussels Gallery Weekend en septembre 2020 ou plus récemment la Brafa ont montré, c’est que le public est demandeur d’incitants pour partir à la découverte des expositions dans les galeries et les institutions culturelles. L’avantage de fédérer ces moments de découverte en ville sous une enseigne commune, c’est que cette sympathique piqure de rappel quant au programme artistique sert d’incitant à sortir de chez soi. Les galeries participant à la Brafa ont été heureuses de constater ce renouvellement d’engouement et de voir plus de personnes passer le seuil de leur porte. Voyant le public mordre à l’hameçon, les galeries ont exprimé la demande de marquer le « momentum Art Brussels » en ville, en avril aux dates où Art Brussels aurait dû avoir lieu.
Le Online Viewing Room : place du digital et mesure d’impact
Le digital était déjà présent avant la Covid-19, d’ailleurs Art Brussels organisait chaque année une Preview en ligne dans la semaine qui précédait la foire, en collaboration avec Artsy. Avec la pandémie, le digital est devenu incontournable et le secteur de l’art s’est adapté en un minimum de temps pour intégrer de nouveaux outils technologiques, penser une véritable stratégie en ligne et tenter de compenser de la meilleure manière possible les manquements apparus pour cause de pandémie. Dans l’urgence de trouver des alternatives, tant à l’échelle des galeries qu’au niveau des foires, cette transformation s’est faite à une vitesse bluffante, entraînant plus de transparence au niveau du prix des œuvres, entre autres. Sans pandémie, il est vraisemblable qu’un même niveau d’acceptation du digital n’aurait pas été acquis avant une décennie. L’un ne remplace pas l’autre, tout l’art sera de faire co-exister les deux mondes en optimisant les avantages de chacun, en interagissant et en veillant à ne pas saturer l’attention des publics que l’on cherche à atteindre.
La Art Brussels Summer Edition se tiendra sur le site de Tour & Taxis à Bruxelles (sous réserve) en périmètre restreint, pourquoi et avec quels objectifs ?
Notre métier est avant tout celui d’organiser des foires, avec la grande chance de pouvoir l’exercer dans un secteur qui nous passionne. Ce que la pandémie a démontré, c’est que quel que soit le niveau de technologie proposé pour regarder virtuellement une œuvre d’art, rien ne remplace l’expérience d’apprécier une œuvre pour de vrai, d’être face à elle, de s’en approcher, s’en distancier, de laisser parler les émotions, de pouvoir échanger avec d’autres au sujet d’une œuvre, de l’artiste, etc. Une foire d’art permet de voir beaucoup – voir trop – d’œuvres à la fois mais elle offre en un temps de visite réduit un aperçu d’une très grande diversité et ampleur que vous ne pouvez jamais espérer réaliser en partant faire un parcours de galeries dans une ville. Le brassage des nationalités représentées parmi les galeries et visiteurs d’une foire, la multiplicité des formes d’art, constituent autant d’occasions d’élargir le champ des connaissances et des rencontres. Pourquoi vouloir organiser une foire plus restreinte en juin ? Parce que c’est notre ADN, que tous les signes montrent que le public et les galeries aspirent de se rencontrer à plus grande échelle et qu’une foire peut représenter une formidable occasion de rebondir, réaliser des ventes pour soutenir les artistes et la galerie, rencontrer des personnes, imaginer de nouveaux projets, des expositions, etc. Nous avions dû faire une croix sur Art Brussels 2020 en mars de la même année ; un an après, nous espérons être réaliste en programmant un événement au périmètre géographique restreint à la Belgique et les pays frontaliers (FR, DE, NL, LU) pour fin juin.
Quelles réflexions cette période vous inspire ?
Dans cette période d’incertitude, l’équipe d’Art Brussels avance un jour à la fois dans le concret, tout en gardant l’esprit ouvert pour projeter notre ambition loin devant et imaginer les possibilités qui pourraient s’ouvrir à nous dès que la pandémie n’impactera plus nos libertés. Ce qui est certain c’est que les circonstances actuelles ne font qu’attiser notre envie de retrouver le plus rapidement possible notre rôle de trait d’union entre les différents acteurs de la scène artistique.
Save the Date !
Art Brussels Week : 22-25 avril 2021 (expositions dans les galeries)
OVR by Artsy : 14–28 avril 2021 (online)
Art Brussels Summer Edition : 24-27 juin 2021 (nouvelle foire)
Art Brussels | From Discovery to Rediscovery, 22-25 April 2021