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Interview Valérie Bach/La Patinoire Royale : Brafa in the galleries, Young Belgium (Opus 1)

Vues de l’exposition Young Belgium, La Patinoire Royale – Galerie Valérie Bach, Brussels. Courtesy La Patinoire Royale – Galerie Valérie Bach

Dans cette crise qui frappe aussi durement la Belgique, la galerie Valérie Bach/La Patinoire Royale se félicite de la nouvelle version de la Brafa, qui replace les galeries au cœur du dispositif. Une formidable idée comme le souligne Valérie Bach, accompagnée d’un vrai travail de promotion et communication qui redonne un peu d’espoir à une période où les freins entravent en permanence toute forme d’initiative. La Patinoire Royale-Galerie Valérie Bach accueille à cette occasion sa consoeur parisienne, la galerie Brame et Lorenceau. Si la galerie peut se concentrer sur la scène belge (historique ou plus émergente) et compter sur le soutien du marché intérieur, Valérie Bach attend de pouvoir à nouveau véritablement exercer un métier où les contacts et les déplacements restent décisifs. Lieu atypique, la Patinoire Royale-Galerie Valérie Bach peut aussi bien revendiquer des activités proches d’un musée ou d’un centre d’art tout en restant une galerie, même si ses dimensions (3000 m² répartis en quatre espaces distincts) exigent de voir grand, ce qui n’est pas si facile dans le contexte actuel.

Young Belgium (Ineffable Opus 1) : Jeune scène belge contemporaine

Cette exposition s’inscrit dans notre programmation antérieure autour de la scène belge moderne et contemporaine, à travers de vastes expositions historiques autant par des group-shows (Sculpting Belgium , Painting Belgium, Belgium Women) que par des expositions individuelles d’artistes belges (Koen Vanmechelen, Collectif artistique Lab(au), Jan Dries, Antonia Lambelé, Françis Dusépulchre prochainement).

Avec l’exposition Young Belgium, la galerie avait envie de montrer la scène émergente belge, constitués d’artistes de moins de quarante ans, nés ou installés durablement en Belgique, cautionnés par une certaine visibilité, et constituant ensemble un socle possible d’artistes belges internationaux dans le futur.

Nous connaissons l’attrait que la capitale représente de part l’accessibilité aux ateliers et son mode de vie.

Une fois la sélection établie, en tant que commissaire d’exposition, nous sommes allés rencontrer les artistes sélectionnés dans leurs ateliers. Ils se sont montrés tous très réceptifs au projet.

Le choix d’artistes pour ce premier opus était très personnel et librement subjectif autour de 5 artistes retenus sur dossiers : Léa Belooussovitch, Hannah De Corte, João Freitas, Alice Leens, Sahar Saâdaoui auxquels s’est ajouté Pierre-Laurent Cassière qui présente une installation sonore.

Cette première édition rassemble ces 6 artistes inconsciemment et sans concertation une même préoccupation, un même univers lié au flou, à l’indisponible, à l’imperceptible, à l’indicible, l’insaisissable, que l’on peut résumer en un seul mot : L’INEFFABLE.

La galerie entend annuellement donner la parole à de jeunes artistes émergeants dans l’objectif d’une moisson de talents dans les années à venir.

Nous étions ravis en outre d’accueillir ces amis de longue date dans nos espaces, dans un état d’esprit, jeune, dynamique, sympathique, festif. Nous en avions grandement besoin en ces périodes pesantes. Nous avions aussi envie de donner un coup de jeune à notre programmation d’artistes plus âgés et établis. Il faut bien mesurer ce que représentent de telles expositions, « group-show » en terme de travail et d’investissement avec le commissariat, les visites d’atelier, la scénographie, l’installation, la communication, le catalogue, la médiation organisée régulièrement pendant l’exposition. C’est une véritable prouesse quant on sait que l’équipe est très réduite !

Vues de l’exposition Young Belgium, La Patinoire Royale – Galerie Valérie Bach, Brussels. Courtesy La Patinoire Royale – Galerie Valérie Bach

Impact de la pandémie sur la programmation

Il est très difficile de se projeter et mes propos doivent rejoindre ceux de nombreux confrères. A partir de ce mercredi 27 janvier, et ce jusqu’au 1er mars 2021, les déplacements à des fins récréatives/touristiques depuis et vers la Belgique seront interdits. Ces dernières mesures nous obligent à revoir encore notre programmation. J’avais par exemple prévu une grande exposition de l’artiste américaine Lita Albuquerque en avril prochain à laquelle je dois renoncer pour l’instant compte tenu des budgets importants de transport et d’installation pour un résultat très incertain et sans l’assurance que l’artiste puisse être présente !

Je ne sais pas si Art Brussels se tiendra cette année ; Art Basel vient d’être repoussée à septembre 2021. Nous sommes donc plus que ravis de participer à l’édition nouvelle de la Brafa in the galleries. Puisque nous ne pouvions pas nous réunir à Tour & Taxis comme les années précédentes, les organisateurs ont proposé de monter nos stands dans nos galeries plutôt qu’une énième édition virtuelle.

Je pense qu’il y a une vraie attente de la part du public belge qui continue à fréquenter le monde de la culture. Nous le constatons tous les jours et nous venons également de le vérifier lors du succès de la dernière vente Piasa chez nous le 20 janvier.

Pour cette édition Brafa in the galleries innovante, nous accueillons dans nos espaces notre confrère parisien Brame et Lorenceau.

Personnellement, je suis ravie qu’il y ait des événements dans ce monde à l’arrêt !

Le métier de galeriste est un métier de réseaux pour lequel je dois me déplacer très régulièrement, à la rencontre de collectionneurs, à la recherche d’artistes, etc… Mais depuis un an maintenant, il semble que notre métier ait changé ! Il faut se renouveler, inventer la galerie de demain.

Pour revenir à votre question de départ, la programmation a été fortement impactée sur 2020 et 2021. Nous concentrons nos efforts, depuis quelques années maintenant sur les artistes belges.

En attendant que le monde s’ouvre à nouveau, nous ne baissons pas la garde dans un lieu tel que le nôtre. Nous gardons le moral, l’énergie et comme m’a dit un collègue ces derniers-jours notre optimisme !

Vues de l’exposition Young Belgium, La Patinoire Royale – Galerie Valérie Bach, Brussels. Courtesy La Patinoire Royale – Galerie Valérie Bach

Le marché intérieur a t-il été un soutien pendant cette période ?

Oui les collectionneurs se sont montrés présents et attentifs et l’on sent un soutien même moral avec de nombreuses demandes de visites les week-ends.

Si nous comparons nos résultats par rapport à l’année dernière, nous avons perdu pas mal de chiffre d’affaires, mais nous avons aussi réduit drastiquement nos charges (moins de voyages, moins de foires, etc). Heureusement pour nous, la dernière BRAFA avait été une très bonne édition, ce qui « sauvé » notre année 2020 qui n’a compté en fait que 8 mois au lieu de 12 !

Francine Holley Brafa in the Galleries 2021 Galerie Valérie Bach, La Patinoire Royale

Si l’on y arrive, c’est bien évidemment grâce au soutien de nos collectionneurs et à l’implication de nos artistes qui ont été très présents et à une équipe formidable de collaborateurs motivés.

Il est frappant de voir aux sourires de nos visiteurs entrant dans la galerie, que plus que jamais, l’art et la culture restent essentiels dans une période si morose et anxiogène.

Brafa in the Galleries 2021

La scène belge s’est-elle montrée résiliente ?

Je me demande ce que l’on appelle un artiste résilient et je pense que nous sommes tous dans la même barque. Par exemple, une des artistes de notre exposition actuelle, Young Belgium, Léa Belooussovitch, devait être présentée en même temps en solo show au Musée d’Art Moderne et Contemporain de Saint-Etienne (lauréate du 10e Prix des Partenaires). L’exposition est entièrement installée mais reste à l’état fantomatique en quelque sorte. Elle fait partie des jeunes en dessous de 40 ans pour qui la situation est difficile. C’est une période compliquée pour tous les artistes et particulièrement pour les jeunes artistes. Ce manque de visibilité actuel leur donne le temps qu’ils n’ont pas toujours de travailler, de produire.

Encore faut-il qu’ils en aient les moyens !

Felten-Massinger

Vos envies pour la galerie à court et moyen terme 

Ma première envie est de revivre dans un monde « normal », c’est-à-dire recommencer à travailler sans contrainte ou fermeture, retrouver la liberté de se déplacer à nouveau.

J’espère aussi que nous pourrons vite programmer à nouveau les projets suspendus !

Tout en restant optimiste, je ne suis pas sure que 2021 sera meilleure que 2020. Il faudra du temps pour relancer une économie en crise.

Espérons que cette crise permette de réguler un marché devenu depuis des années complétement fou et que nous aurons la sagesse de ne pas retomber dans la frénésie d’avant COVID, la multiplicité des foires notamment.

Nous comptons sur le soutien de nos collectionneurs ici ou ailleurs. Nous développons à cette fin notre visibilité sur les réseaux sociaux et sur les plateformes comme Artsy ou Ocula.

Nous n’avons pas mis en place de viewing rooms pour présenter nos artistes sur notre site car cela nécessiterait une équipe entièrement dédiée à cela, comme les mega galeries peuvent avoir mais ce qui n’est pas mon cas.

J’espère que les nombreux freins qui nous empêchent d’aller de l’avant vont disparaitre. C’est notre principal obstacle actuellement car nous foisonnons de nouvelles idées !

Cette période de calme m’a permis de réfléchir non pas sur les fondements mêmes d’un métier que j’exerce depuis longtemps mais sur les priorités que je veux suivre dans les années à venir.

Les espaces de la Patinoire Royale permettent d’organiser des projets que je ne pourrai pas envisager dans un autre espace. Nous travaillons d’ailleurs sur un projet inédit pour la fin de cette année, une sorte de « performance »  avec pourquoi pas la question d’une entrée exceptionnellement payante (même si modeste), comme cela se pratique dans un musée. Je suis sure que ce sera une véritable expérience pour les visiteurs !

La Patinoire Royale est un lieu hors normes et relativement inclassable. Constantin Chariot, notre directeur général, a l’habitude de dire que nous ne sommes ni un musée, ni un centre d’art ni une galerie mais les trois à la fois. Je dirai que nous sommes une galerie mais qui peut et qui propose régulièrement des expositions muséales de part leurs tailles et leurs propos.

Infos pratiques :

BRAFA in the galeries

Du 27 au 31 janvier

La Patinoire Royale / Galerie Valérie Bach (brafa.art)

YOUNG BELGIULM Ineffable (Opus 1) : jeune scène belge contemporaine

Léa Belooussovitch, Pierre-Laurent Cassière, Hannah De Corte, João Freitas, Alice Leens, Sahar Saâdaoui

Focus 1er étage :
FELTEN-MASSINGER Yuken Teruya

Jusqu’au 27 février 2021

Rue Veydt 15 | BE-1060 Brussels

La Patinoire Royale – Galerie Valérie Bach (prvbgallery.com)

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