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Rencontre Aurélie Voltz, MAMC+ : la Biennale artpress Saint-Etienne

Aurélie Voltz et Jordan Madlon MAMC+ Saint-Etienne, Biennale art press, présentation presse photo : Marie de la Fresnaye

C’est une première et à Saint-Etienne, ville dont le musée d’art moderne et contemporain a toujours été un fer de lance de la création et ce très tôt dans son histoire si l’on pense à la personnalité de Maurice Allemand (actuelle exposition hommage) puis plus tard de Bernard Ceysson dans les années 1970. La revue artpress qui a toujours accompagné le MAMC+ s’est donné le défi de lancer cette Biennale consacrée à l’émergence en y associant également l’Ecole d’art et de design de Saint-Etienne. Une organisation tripartite et un jury collégial a sélectionné alors parmi les 150 dossiers transmis par les 39 écoles d’art françaises, un total de 36 artistes.  Répartis entre l’espace du musée et la Cité du design dans une approche ouverte et non thématique par les deux commissaires, Etienne Hatt, rédacteur adjoint d’artpress et Romain Mathieu, critique d’art et enseignant à l’Esadse,  il en ressort une lecture critique d’une grande cohérence et rigueur formelle. La figure de l’artiste, le regard qu’il porte sur le monde et une omniprésence de la matérialité se détachent. Une attention particulière a été portée à la performance et sous ses modalités les plus furtives notamment lors des rendez-vous de la programmation associée qui consacre également une grande place aux enjeux de la critique d’art.  Aurélie Voltz directrice du MAMC+ nous redit pourquoi il était naturel et indispensable selon elle d’être impliqués dans cette aventure, en lien avec la volonté du musée de soutenir la création émergente. Elle nous présente également l’un de ses coups de cœur, l’artiste Jordan Madlon qu’elle a pu proposer au comité d’acquisition du Frac Auvergne, ce dont elle se réjouit.

En quoi est-ce important que le Musée d’art moderne et contemporain de Saint-Etienne soit partie prenante de cette nouvelle Biennale Après l’école ?

Il y avait une volonté de la part du musée d’être plus présent sur la question de l’émergence même si nous avons déjà développé un programme depuis une dizaine d’années, le Prix des partenaires qui met en valeur des artistes qui ont une pratique du dessin. Mais il me semblait que le musée pouvait faire plus. S’inscrire dans cette démarche Biennale avec la valorisation d’une vingtaine de jeunes artistes au moins tous les 2 ans est essentiel car ce territoire a vraiment un rôle à jouer en matière d’art contemporain avec notre histoire, ce musée, ce qu’il signifie et aussi par la présence d’artistes qui restent à Saint-Etienne. C’est une réalité et je pense notamment à Eric Manigaud artiste stéphanois que nous allons bientôt exposer.

Vue de salle «Après l’école–Biennale artpress des jeunes artistes Saint-Étienne 2020» au Muséed’art moderne et contemporain Saint-Étienne Métropole du 3 octobre au 22 novembre 2020 Au premier plan au sol Anaïs Gauthier  Au mur,Jordan Madlon photo F. Roure

Quelles lignes de force se dégagent de ce panorama d’après vous ?

L’une des lignes de force est le rapport au corps qui à la fois se traduit en matière d’autoportrait et d’interrogation de l’identité (Jimmy Beauquesne, Abel Techer), dans sa représentation plus en creux comme avec Juliette Mock mais également en matière de performance, avec Rudy Dumas au Musée ou Claude Boudeau et Xxavier Edward Carter à la Cité du design qui peuvent impliquer leur corps aux confins du supportable, dans une violence physique qui pose les limites de leur existence dans ce monde.

Ce qui ressort également est un recul de l’image avec peu de photographies, de vidéos et davantage de supports hybrides, accolés à une grande présence de matérialité : sculptures, installations, peintures intègrent des procédés photographiques ou numériques comme pour Damien Caccia, Clément Davout ou My-Lan Hoang-Thuy.

La nature ou ce qu’il en reste est abordée dans une conscience écologique : je pense aux travaux de Masahiro Suzuki ou de Charles Le Hyaric présentés à la Cité du Design ou bien Rémy Pommeret au Musée.

J’ajouterai une présence de l’histoire et du politique, avec entre autres les travaux d’Anaïs Marion qui m’a particulièrement intéressée. Rappelons qu’il y a eu une volonté de la part des commissaires de ne pas dégager des lignes de force pour ne pas enfermer les artistes dans des thématiques.

Vue de salle «Après l’école–Biennale artpress des jeunes artistes Saint-Étienne 2020» au Muséed’art moderne et contemporain Saint-Étienne Métropole du 3 octobre au 22 novembre 2020 Au premier plan au sol Rémy Pommeret Au mur Jimmy Beauquesne photo F. Roure

Jordan Madlon, l’une des révélations de la Biennale 

Jordan Madlon est sorti de l’Ecole supérieure d’art et de design de Saint-Etienne en 2014 et depuis a fait un parcours intéressant notamment en Allemagne à la Staatliche Akademie de Karlsruhe. Il est parti de peintures murales pour se diriger ensuite vers ce que l’on pourrait appeler des peintures sculpturales ou sculptures murales dans un entre-deux qu’il résume en demandant aujourd’hui comment la peinture peut encore exister, prendre d’autres formes et ne se suffit plus à elle-même dans les deux dimensions. Il est d’abord intervenu sur une série in situ où il venait agrémenter le sommet d’un mur, le coin d’une cimaise, l’angle d’un sol dans une vraie attention à l’espace. Peu à peu cela s’est transformé en « peintures augmentées » qui impliquent différents types de matériaux et différents types de signes : du tissu usagé, des formes rembourrées, un imprimé écossais, des couleurs en dégradé, des signes qui ressemblent à des lettres qui s’enchevêtrent dans des sortes de grilles, elles-mêmes attachées au mur par un étrange support orange. Ce qui ressortait après observation de son site web, était le développement d’un vocabulaire, d’un langage autour de la question du signe. Il s’inscrit pour moi dans la continuité de Supports/Surfaces –mouvement très lié aux collections du musée- et de Richard Tuttle.

Biennale artpress Saint-Etienne Chloé Breil-Dupont Cité du design

Quels sont les liens entre artpress et Saint-Etienne ?

Je pense qu’ artpress a toujours eu un regard sur le musée de Saint-Etienne et spécialement dans les années 1970  et 1980 lorsque Bernard Ceysson en était le chef d’orchestre, témoignant un soutien de la jeune création. Les différents contributeurs d’artpress restent toujours à l’affut de personnalités, d’artistes sortis des écoles et l’on sent une vraie motivation à rester proche de cette jeune scène en train de se construire. C’est pour nous quelque chose auquel nous sommes aussi attachés et cette collaboration étroite et inédite entre artpress, l’Ecole d’art et de design de Saint-Etienne et le musée d’art moderne et contemporain, nous semblait évidente à développer autour de cette biennale.

En écoute : FOMO_Podcast

A suivre : interview de Jordan Madlon.

Infos pratiques :

Après l’école, Biennale art press des jeunes artistes
Saint-Etienne

jusqu’au 22 novembre

MAMC+ Saint-Etienne Métropole

Cité du design

www.artpress.com/biennale

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