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Global(e) Resistance au Centre Pompidou, décentrer les regards

CHIM ↑ POM, REAL TIMES,2011. Installation mixte. Centre Pompidou, MNAM – CCI, Paris. Achat grâce à la Society of the Japanese Friends of Centre Pompidou, 2019. © Courtesy of the artist and MUJIN-TO Production, Tokyo.

« Il est capital que l’art de notre temps soit un miroir de la société et de ses acteurs : les bons, les brutes et les truands .. » Yung Ma, co-commissaire Glogal(e) Resistance

A l’initiative de Christine Macel le département Création contemporaine et prospective entend mener une politique ambitieuse d’expositions et d’acquisitions d’artistes venus du monde entier en dehors de toute catégorisation ou prérequis. Elargir et décentrer le regard comme en témoigne l’exposition Global(e) Resistance dont elle assure le commissariat aux côtés d’Alicia Knock et Yung Ma. Dans la lignée de Trade Routes, Biennale portée par Okwui Enwezor, ce panorama donne à voir une relecture de l’histoire à l’aune des questionnements idéologiques et identitaires récents et nouveaux enjeux de la création à l’ère mondialisée.

Coco Fusco et Guillermo Gómez-Peña,The Couple in the Cage : Guatinaui Odyssey,1992-1993. Réalisation vidéo : Paula Heredia, son, 31 min. © Centre Pompidou, MNAM – CCI/Dist.RMN-GP. © Coco Fusco/Adagp, Paris, 2020.

L’émergence des Sud dans une version élargie qui englobe aussi bien l’Amérique latine que l’Afrique, l’Asie du Sud-Est ou le Moyen Orient pose les jalons d’une conscientisation accrue des pratiques de résistance et recompositions transculturelles en jeu et dès le Forum du Centre Pompidou, avec l’installation monumentale de Barthélémy Toguo, dont le titre « Rédemption » parle d’une rencontre Nord-Sud possible. L’exposition se déploie ensuite sur 1500 m²à la fois au sein des collections permanentes contemporaines et dans la galerie O scandée par les slogans de Barthélémy Toguo, commandés pour l’exposition.

Bathélémy Toguo Centre Pompidou, MNAM – CCI, Paris Cc l’artiste, Adagp Paris 

Dès le seuil nous sommes accueillis par cette étrange sculpture de cire de Khalil Rabah « Tout va bien » alors que ce palestinien semble ployer sous un poids indescriptible.  En guise de prologue à ce qui va suivre l’œuvre de Renée Green, installation vidéo « Partially Buried in Three Parts » (1996-97) retraçant la performance de Coco Fusco et Guillermo Gomez-Pena « The Couple in the cage » imitant deux amérindiens emprisonnés, pose la place de la mémoire et l’affirmation du corps comme vecteur de cette stratégie de résistance.

Khalil Rabah, Untitled, All is Well,2017. Acier, fibre de verre, résine, tissu, 160 x 65 x 60 cm. Centre Pompidou, MNAM-CCI, Paris. Don de Robert Matta, Cercle International-Middle East North Africa, 2018. Courtesy de l’artiste et Sfeir-Semler Beirut/Hamburg. © Centre Pompidou, MNAM – CCI/Ph. Migeat/Dist.RMN-GP.

Le parcours ensuite entre approche chronologique et thématique retrace l’histoire de ces indépendances et décolonisations de l’effondrement du bloc communiste, à l’apartheid en Afrique du sud jusqu’à des récits plus récents comme celui par exemple de Marco Avila Forrero (prix Fondation d’entreprise Ricard 2019) à partir du récit de paysans colombiens expropriés ou avec la série Turistas d’Ivan Argote (galerie Perrotin) qui recouvre de panchos traditionnels des statues à la gloire de conquérants dans des parcs publics soulignant leur caractère despotique et anticipant les actions collectives qui ont suivi dans le monde entier.  Un rapport à l’artisanat et aux pratiques vernaculaires que l’on retrouve également chez Sara Ouhaddou avec le projet « Woven/Unwoven » réalisé avec des brodeuses de Tétouan à rebours de l’imaginaire romantique véhiculé par ces dentelles de mariage.

Kemang WA LEHULERE,Red Winter in Gugulethu,2016. Céramique peinte, bois, cuir, pelotes de laine, acier, caoutchouc, dimensions variables. Centre Pompidou, MNAM-CCI, Paris. Don des amis du Centre Pompidou, Perspective, 2017. © droits réservés.

Mention spéciale également pour Kemang Wa Lehulere avec « Red Winter in Gugulethu » en réaction aux émeutes de Soweto en 1976. Composée de 7 valises, 7 béquilles, plusieurs chiens en céramique et 32 pelotes de laine l’installation est à la mémoire de ces bergers allemands abandonnés par leurs propriétaires noirs dans les années 1960 contraints à l’exode forcé dans les townships. Tués et enterrés dans des fosses communes leur fantôme ressurgit dans ces figurines de porcelaines et sont omniprésents dans la pratique de l’artiste.

Cette vision du musée pensé comme un forum et une plateforme ouverte dans une dynamique transversale et inclusive est assurément l’une des étapes marquantes de ce monde d’après que chacun tente de définir selon ses enjeux et perspectives. Lorsque l’on regarde les efforts accomplis par les pays anglo-saxons, Angleterre par exemple avec la Tate modern et nouvelle aile Swith House, cette volonté affichée par le Centre Pompidou devrait susciter des émules.

Le cycle « Prospectif cinéma » accompagne l’exposition autour de productions d’artistes de la jeune génération française et internationale.

Podcasts accompagnant l’exposition (en écoute)

https://podcasts.podinstall.com/centre-pompidou-les-visites-du-centre-pompidou/202007281405-globale-resistance.html

Catalogue « Global(e) Resistance » éditions du Centre Pompidou 160 pages, 24€

Infos pratiques :

Global(e) Resistance

Jusqu’au 4 janvier 2021

Galerie du musée, galerie d’art graphique et galerie O niveau 4.

https://www.centrepompidou.fr

Réservation obligatoire, mesures spéciales COVID-19.

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