FOMO VOX

Art Paris, promesse tenue ! coups de coeur et immanquables

MC Mitout, courtesy l’artiste, Claire Gastaud galerie

Il fait soleil dans les coursives du Grand Palais et dans les cœurs à l’ouverture de cette édition du monde d’après que l’on aimerait tant pouvoir anticiper et définir. Guillaume Piens peut être soulagé et fier d’avoir tenu bon car cette 22ème édition d’Art Paris est tout à fait à la hauteur des attentes nombreuses de chacun. La sélection de Gaël Charbau « Un regard sur la scène française » autour de la narration est très pertinente et permet de mettre en avant des histoires singulières parfois oubliées, comme vous le verrez dans ma sélection.

Même si le focus sur les sud et péninsule ibérique a dû être restreint quelques belles découvertes comme José Louis Martinat chez Younique (Lima), Andrea Torres Balaguer chez Alzueta Gallery (Barcelone) ou Marta Fabregas chez Pigment Gallery (Barcelone).

Dès l’entrée Florent Paumelle, Oniris Galerie (Rennes) qui propose un florilège autour de Véra Molnar se félicite de la tenue du salon et de l’accueil réservé. Nathalie Obadia qui nous confiait (interview confiné) militer pour cette édition physique d’Art Paris est soulagée, restant plus modérée sur l’avenir de la Fiac qui « sonde » actuellement ses collectionneurs. Chez Templon Anne-Claudie Coric nous confie avoir déjà réalisé de belles ventes, de même Claire Gastaud avec MC Mitout, l’une des révélations de la foire. Dans le secteur Promesses Hélianthe Bourdeaux-Maurin, H Gallery, avec Caroline Le Méhauté est également pleine d’enthousiasme, de même Ségolène Brossette avec la performance dessinée de Fabien de Chavannes ou encore Structura gallery (Sofia) avec le duo Michail Michailov et Boryana Petkova.

Best of :

Nelson Pernisco, Vincent Mauger, Lukas Hoffmann, galerie Bertrand Grimont (Paris)

L’un des stands les plus aboutis avec un dialogue entre photographie et sculpture. Le moteur de voiture de Nelson Pernisco qui tutoie nos ruines contemporaines, percute les rhizomes architecturaux de Vincent Mauger tandis que Lukas Hoffmann et Olivier Metzger explorent la veine photographique entre déflagrations du silence chez le premier et étrangeté cinématographique pour le second.

Pauline Guerrier

Pauline Guerrier, galerie Foco (Lisbonne)

Ces sculptures ont été conçues lors de sa résidence d’artistes à la Fondation Zinsou. Après avoir exploré le tissage, la teinture (Ciels d’Afrique) ou la marqueterie de paille l’artiste, diplômée des Beaux Arts de Paris, continue d’investir les techniques vernaculaires et l’artisanat au fil de ses voyages et rencontres. Pauline Guerrier sera prochainement exposée chez RX galerie.

Roméo Mivekannin, Eric Dupont (Paris)

Dans le prolongement de son exposition récente « Peaux noires, masques blancs », à la galerie, Roméo Mivekannin qui vit entre la France et le Bénin rejoue les codes du vaudou sur des corps noirs asservis par l’histoire en se mettant en scène dans des archives où il est question de domination. Il utilise de grandes toiles de jute qu’il récupère et passe à différents bains comme pour en laver le passé. Un travail poétique et sensible où le discours critique se dessine en demi teinte.

Benoît Maire et Shirley Jaffe, Nathalie Obadia (Paris-Bruxelles)

De ses peintures de nuages on ne se lasse pas et ce cheval qui rappelle Muybridge est fascinant à plus d’un titre. Benoît Maire adepte des métaphores et de philosophie joue des décalages et recyclages formels et esthétiques avec brio. Laure Prouvost qui bénéficie toujours d’une belle actualité, Valérie Belin et Fiona Rae complètent ce panorama.

Benoît Maire, Peinture de nuages (diptyque), 2019.BERTRAND HUET/TUTTI/COURTESY DE L’ARTISTE ET DE LA GALERIE NATHALIE OBADIA Paris/Bruxelles

Laurence Aëgerter, Binome galerie (Paris)

On oscille entre la photographie et la peinture avec ces grandes tapisseries Jacquard, que Laurence Aëgerter compose en bacchanales brodées de fils phosphorescents. Des corps en lévitation troublants qui réagissent à la lumière. Une ode à l’eau et à la nostalgie de l’insouciance.

Anne Deguelle, La Musée, 2020 – Néon, 62 x 140 cm, @ Paul Nicoué, anne deguelle La galerie Italienne

Anne Deguelle, galerie Italienne (Paris)

La Musée est le titre d’une exposition collective visant à renverser le rapport de représentation d’artistes masculins dans les musées, 80% en général contre 20% de femmes. C’est aussi le titre de l’œuvre de Anne Deguelle qui renvoie à l’origine grecque du mot musée, dédié aux muses. Il en découle un questionnement sur son statut et système de valeurs.

Klara Kristalova, Perrotin

Première participation pour Emmanuel Perrotin qui est venu avec du lourd ! L’univers satyrique et fantasmagorique de Klara Kristalova retient toute mon attention dans ces saynnettes en céramique qu’elle compose. Originaire des pays de l’est et vivant en Suède depuis son enfance, ces contes et légendes tendres et cruels peuplent un imaginaire hybride séduisant et dérangeant en même temps.

Mathilde Denize, Pauline Pavec galerie

Après les Beaux Arts de Paris (atelier Djamel Tatah) et le Salon de Montrouge elle associe à la peinture, la sculpture et la performance tout en collectant des objets familiers et domestiques. Une forme d’archéologie contemporaine où le corps est traversé de multiples assignations qu’elle déconstruit comme avec ce maillot de bain féminin entre la fresque et le bas relief.

Julien Spiewak Espace L (Genève)

Chercheur et photographe, Julien Spiewak parcourt les intérieurs des grands musées européens (Maison de la Chasse, musée Ariana Genève..) pour dresser un inventaire du goût et de la représentation qu’il twiste avec des parties de son propre corps. Des greffes qui traduisent notre obsession de la beauté et ambivalence sur le nu.

Norman Dilworth, Cédric Bacqueville (Lille)

Ce stand d’une grande rigueur se détache, on est proche d’une certaine radicalité entre Norman Dilworth et Jan Van Munster. L’anglais (également représenté par Oniris galerie) est proche de l’abstraction dans la mouvance de Karl André ou Richard Long qu’il admire mais en y ajoutant des recherches formelles géométriques autour du carré. Le second, néerlandais,  travaille sur l’énergie des matériaux, la lumière, les pôles positifs et négatifs.

Marcel Berlanger, Nicolas Silin galerie (solo show)

Il est question de la trame dans ces peintures proches de la gravure pour cet artiste qui utilise la « mise à carreau » une technique ancienne de transposition de l’image. En résulte une sensation de pixellisation assez intrigante autour de ces figures connues qu’il désacralise ou cette flore qui le passionne. Tout se brouille et le motif de départ devient autre.

MC Mitout, Claire Gastaud (Clermont-Ferrand)

L’écriture diariste a été propulsée sur le devant de la scène depuis le confinement mais Marie Claire Mitout entremêle les joies du journal intime et de la peinture. A sa série d’images elle associe des aphorismes ou maximes de sa création comme pour envoyer une adresse au spectateur. Ces moments d’épiphanie répondent à une logique et discipline très rigoureuses qu’elle s’impose chaque matin. L’espace est très codifié pour pouvoir traduire l’état d’esprit de ces personnages qui sont face à différentes situations extérieures et intérieures parfois contradictoires.

Elsa & Johanna, Heartland courtesy the artists, La Forest Divonne galerie

Elsa & Johanna, galerie La Forest Divonne (Paris-Bruxelles)

Elsa & Johanna poursuivent leur travail d’autofiction à 2 et depuis 2018 proposent des espaces d’exposition immersifs au spectateur. L’exposition Heartland de la série Beyond the Shadows (réalisée au Canada) se déroule en plusieurs chapitres dont le prochain sera dévoilé en novembre à la Chapelle Laennec, les finalistes du prix Découverte Roederer n’ayant pu être montrés à Arles cet été. Le décor reprend celui exposé lors du Brussells Gallery Weekend qui ajoute une couche supplémentaire aux principes d’illusion et codes de représentation qu’elles déjouent.

Anne & Patrick Poirier, Dilecta

Un couple d’artistes que l’on a toujours plaisir à retrouver. Dans leur quête inlassable de la mémoire, leurs empreintes, relevés topographiques, plans de villes, carnets, herbiers, témoignent de la fragilité du monde et du temps qui passe dans de grandes installations ou maquettes. Ces vanitas sur papier plus intimes renvoient à leur magnifique proposition pour le Voyage à Nantes sous le titre de Curiositas. Le thème de la vanité irrigue plusieurs de leurs œuvres comme ces grands végétaux tatoués.

Infos pratiques :

Art Paris

10-13 septembre

Tickets here !

http://www.artparis.com/

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