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Marie Cozette : «Tout l’enjeu des temps à venir sera de trouver la juste mesure entre réel et virtuel»

Nous avions rencontré Marie Cozette à son arrivée au Centre régional d’art contemporain (CRAC) Occitanie/Pyrénées-Méditerranée à l’occasion de la remarquable exposition de Laura Lamiel. Elle revient sur cette période de crise et la carte blanche exceptionnelle donnée en guise de soutien, à un.e artiste de Sète ou sa région, chaque semaine à partir du 22 juillet jusqu’au 6 septembre (CANAL ROYAL) dans l’espace laissé libre suite à l’annulation d’un festival de photographie dont le CRAC était partenaire.

Diplômée de l’Ecole du Louvre et du DESS Direction de projet culturel à Paris I Panthéon Sorbonne, Marie Cozette est auteur.e auprès de plusieurs revues d’art contemporain (Art Press, Tema Celeste…) et a contribué à plusieurs catalogues (Trésors Publics- 20 ans de création dans les fonds régionaux d’art contemporain, Editions Flammarion, 2003 ; catalogue de l’exposition de Laurent Montaron, centre d’art La Galerie de Noisy-le-Sec, 2006 ; catalogue du printemps de septembre, 2007 ; French Connexion, éditions Black jack, 2008…). Elle a co-fondé Betonsalon avec Mélanie Bouteloup et Cyril Dietrich à Paris en 2005. En 2005 et 2006, elle a été commissaire associée à la Box, galerie de l’Ecole nationale supérieure d’art de Bourges, en collaboration avec Julie Pellegrin et Keren Detton, avec lesquelles elle a codirigé et conçu Les formes du délai, ouvrage retraçant l’ensemble des projets menés à la Box. De 2007 à 2018, Marie Cozette a dirigé le centre d’art contemporain – la synagogue de Delme. Elle a été nommée à la tête du CRAC le 1er août 2018.

Exposition collective « Qalqalah قلقلة : plus d’une langue » @ CRAC Occitanie à Sète, 2020. Au premier plan : 12 interventions d’artistes dans la presse libanaise, Temporary Art Platform (works on paper), 2016. Courtesy des artistes et de Temporary Art Platform. Au second plan : Montasser Drissi, Intervention graphique – Vinyle mural. Production CRAC Occitanie 2020. Photographe : Marc Domage

Le CRAC a rouvert le 15 juin avec : « Qalqalah, plus d’une langue », quel bilan dressez-vous de la période ? (programmation, nouvelle organisation du travail, nouveaux projets, nouvelles envies de l’équipe…)


La période que nous avons traversé a été une épreuve et un immense bouleversement à
plus d’un titre. Une des urgences au début de la période de confinement a été de réorganiser la programmation 2020, d’une part en prolongeant l’exposition Qalqalah qui venait d’ouvrir et d’autre part en décalant l’exposition d’été au mois d’octobre (deux expositions personnelles sous le commissariat de Marie de Brugerolle : Luigi Serafini et Than Hussein Clark).
Par ailleurs, cette période a été une invitation à renforcer les liens avec le territoire. Au
CRAC, dans le cadre de l’été culturel mis en œuvre par le Ministère de la Culture, nous
lançons le programme CANAL ROYAL du 22 juillet au 6 septembre. Chaque semaine, nous offrons une carte blanche à un.e artiste de Sète ou des alentours : ils et elles investissent l’étage du CRAC laissé vacant (suite à l’annulation d’un festival de photographie dont le CRAC était partenaire).

Exposition collective « Qalqalah @ » plus d’une langue : قلقلة CRAC Occitanie à Sète, 2020. Serena Lee, « Second Tongues », 2019-2020. Installation. Courtesy de l’artiste. Photographe : Marc Domage


C’est très réjouissant de travailler avec des artistes proches de l’institution, dans une
modalité résolument expérimentale, vivante, non linéaire, qui fait l’ADN d’un centre d’art et qui permet de retrouver un esprit d’improvisation, moins soumis à la norme des expositions, programmées souvent 2 ans à l’avance.
Du point de vue de l’équipe, celle-ci a fait preuve de constance et toutes et tous sont
resté.e.s mobilisé.e.s dans la durée, chacun.e en fonction de sa réalité familiale, technique, affective… La région Occitanie avait commencé à mettre en œuvre une politique de télétravail pour l’ensemble des agents qui en faisaient la demande et la crise sanitaire a renforcé une dynamique qui était à l’œuvre. De fait, une majorité des membres de l’équipe souhaite alterner entre présentiel et télétravail. Comme tout le monde, nous avons appris à nous réunir autrement, en jonglant avec les outils à disposition. Tout l’enjeu des temps à venir sera de trouver la juste mesure entre réel et virtuel.

Exposition collective « Qalqalah قلقلة : plus d’une langue » @ CRAC Occitanie à Sète, 2020. De gauche à droite : Wiame Haddad, « In Absentia », 2016. 7 photographies argentiques – tirages jet d’encre. Courtesy de l’artiste

Le digital a été l’une des leçons de cette période, quelle a été votre stratégie en
matière de production de contenus et comment comptez-vous la poursuivre ?


Nous sommes restés très modestes, au début notamment, dans notre stratégie de présence sur les réseaux sociaux, en prenant le temps d’observer et de comprendre ce qui se jouait dans la surenchère de contenus numériques, comme un besoin frénétique de combler le vide, une course à la visibilité. Une stratégie numérique oui, mais quel ancrage lui donner sans le support essentiel que constitue l’exposition, l’expérience physique des œuvres…?
Pour autant en parallèle, nous avons eu la chance de pouvoir lancer la plateforme de
recherche en ligne www.qalqalah.org au mois d’avril : ce site internet vient dans le
prolongement de l’exposition Qalqalah, conçue par les deux commissaires et chercheuses
Victorine Grataloup et Virginie Bobin. Entre fiction, théorie et critique, l’existence même de cette plateforme a permis de dépasser l’assignation à communiquer par le partage d’un véritable objet de recherche, conçu dès le départ pour l’espace numérique.

Exposition collective « Qalqalah ةلقلق : plus d’une langue» @ CRAC Occitanie – Sète, 2020. institute for incongruous translation (Natascha Sadr Haghighian et Ashkan Sepahvand) avec Can Altay, seeing studies, 2011. Livre, installation, dimensions variables, 2011. Courtesy des artistes. Au mur : Montasser Drissi, intervention graphique – vinyle mural

Quelles mesures de solidarité auprès des artistes ont-elles été pertinentes et
nécessaires selon vous ?


Toutes les mesures de solidarité avec les artistes sont pertinentes et nécessaires par
définition. Gageons qu’elles puissent se poursuivre dans la durée.

Pensez-vous que notre rapport à l’art, aux musées et centres d’art change durablement après l’alerte lancée par cette crise ?

Oui cette crise bouleverse tous nos repères et notre rapport à la culture. Cela rend peut-être d’autant plus précieux la visite des lieux culturels que ceux-ci nous ont terriblement fait défaut. On pourra s’accorder sur l’impossibilité de remplacer l’expérience physique de l’œuvre, l’émotion que procure sa présence.

Le CRAC est membre du réseau Plein Sud – Réseau arts visuels du Sud

Infos pratiques :

« Qalqalah قلقلة : plus d’une langue »

Centre Régional d’Art Contemporain OCCITANIE
26 Quai Aspirant Herber
34200 Sèt

à venir : Reverse Universe


http://crac.laregion.fr/

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