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Rencontre avec Xavier Antin, exposé au CAC Brétigny

Portrait de Xavier Antin ©Edward Hendricks

A l’issue de sa résidence engagée avec le CAC Brétigny sur le territoire environnant, Xavier Antin a noué un certain nombre de collaborations pour mettre en place des sculptures parlantes et évolutives à partir de scénarios prédéterminés. Un tournant dans son travail dont il nous retrace les étapes. Le titre en anglais THE WAEVERS désigne à la fois le nom historique donné aux tisserands les travailleurs de manufacture textiles et également l’oiseau le tisserin, vivant en communauté capable de construire intuitivement un nid à partir d’algorithmes très élaborés.

Le parcours pensé par Xavier Antin pour le CAC rejoint les enjeux de sa pratique autour d’un rapport numérique et augmenté à l’économie. Ces zones d’échanges et de pouvoir non palpables qui régissent les processus de fabrication industriels à l’ère des outils numériques et de l’intelligence artificielle. Welcome to a brave new world !

©Aurélien Mole
  1. L’invitation du CAC : genèse et enjeux

La genèse du projet remonte à 2 ans lorsqu’invité en résidence, j’ai pu rencontrer sur le département une équipe de chercheurs de l’Université de Saclay puis monter une équipe projet autour d’un groupe de sculptures dotée d’intelligence artificielle avec Julien Jassaud programmeur et Camille Pageard, historien de l’art et spécialiste de la poésie contemporaine, les enjeux étant de transformer ce dispositif de sculptures habitées en expérience d’écriture. J’ai réalisé au fur et à mesure la nécessité de créer un outil qui allait devenir un champ d’expérimentation en deça de la surface.

2. Les machines, puissance allégorique

Petit à petit nous avons construit des sortes de personnalités qui sont le pendant de la physicallité des sculptures, chacune d’entre elles étant entrainée à parler à partir de textes modélisés selon leur réaction et comportement. Des interactions qui permettent de fabriquer une sorte de dialogue programmatique à plusieurs voix dont la narration est laissée en libre interprétation au regardeur.

Cette forme d’autonomie qui leur est proche en tournant le dos au spectateur est volontairement troublante. Positionnées à l’intersection entre un groupe de travail et des entités pseudo-organiques, les sculptures conversent selon un certain nombre de paramétrages faisant appel à des notions telles que l’empathie, la mémoire, l’économie.

Les machines pour moi sont un prolongement de l’être humain et une sorte de miroir dans un rapport d’identification et de projection fort.

3. De l’Intelligence Artificielle

Ce qui se joue ici avec ces sculptures qui essaient de négocier entre elles un rapport social d’échange et de pouvoir à partir de différentes techniques d’intelligence artificielle est à l’image  des normes et codes sociaux régissant toute société. Comme récemment lors de l’exposition à Marseille « La dépense avec témoins » où mes « Workers » machines en sous-sol connectées à internet gagnaient de l’argent en validant des transactions sur le réseau Bitcoin, cet argent étant dépensé ensuite à la production d’œuvres d’ artistes invités en regard de pièces liée à l’histoire de la critique institutionnelle. L’intelligence artificielle est devenue un lieu de fantasmes alors qu’elle est le simple fruit d’un certain nombre de processus performants d’automatisation cognitive. L’on assiste à une anthropomorphisation des machines, une dénaturalisation de la nature qui fait bouger les lignes, entre signifiants et signifiés, simulacre et réalité.

Commissaire : Céline Poulin

Xavier Antin est représenté par la Galerie Crèvecœur, Paris – Marseille.

Infos pratiques :

The Weavers, Xavier Antin

Du 14 janvier au 7 mars 2020

Agenda et rendez-vous :

https://www.cacbretigny.com/

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