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Musée du Quai Branly-Jacques Chirac Helena Rubinstein, Frapper le fer et Somuk

« Helena Rubinstein : la Collection de Madame » est un titre qui ne traduit pas réellement le propos de l’exposition. L’on s’attend à voir évoqué l’ensemble de sa collection alors que le focus sont ces objets d’art extra-occidentaux qu’elle découvre et qui la passionne initiée par le sculpteur Jacob Epstein. Le Musée d’art et d’histoire du Judaïsme avec « Rubinstein, L’aventure de la beauté « avait su suggérer l’ensemble de ses goûts et souvenirs, l’espace assez restreint alloué par le Musée du Quai Branly ne le permet pas.

Figure féminine du Lefem Bamileke, Chefferie Bangwa, en bois et pigments (Cameroun, XIXe siecle).
Fondation Dapper, Paris/Photo Hughes Dubois/sdp

Le talent de la commissaire Hélène Joubert qui s’est livrée à un important travail d’enquête finit par combler ce manque à partir d’une soixantaine d’œuvres de sa collection, qui prennent une dimension nouvelle, en regard des chefs d’œuvres du musée et autres provenances prestigieuses.

La mécène et femme d’affaires se révèle une fois encore pionnière et réunit, dans ce domaine, plus de 400 pièces majeures majoritairement d’art africain et océanien au contacts d’artistes et de marchands français. Cette collection sans cesse enrichie sera dispersée selon sa volonté lors de ventes aux enchères à New York qui aura un impact déterminant dans la valorisation des arts dits primitifs.

Son incroyable destin est brièvement évoqué par une frise chronologique et son portrait dans l’un de ses appartement parisien. Son obsession de la beauté et une intuition hors paire la hissent au sommet dans un monde d’hommes à l’époque.

Etrier de poulie de métier à tisser baoulé, Côte d’Ivoire, XIXe siecle.
Collection privée/SDP

-Frapper le fer

La vraie bonne surprise vient de « Frapper le fer, l’art des forgerons africains » orchestrée par l’artiste et forgeron américain Tom Joyce qui réunit près de 230 pièces réalisées entre le 17e siècle et l’époque contemporaine, allant de la sculpture en bois à une myriade de formes de monnaies, instruments de musique, armes, objets de prestige, témoignent du talent et des prouesses techniques des forgerons d’Afrique, personnages autant vénérés que craints.

Des savoirs faires millénaires et rituels autant symboliques que sociétaux passionnants.

« Frapper le fer, l’art des forgerons africains » est organisée par le Fowler Museum at UCLA, Los Angeles.

-SOMUK, premier artiste moderne du Pacifique

Autre découverte fascinante. Célèbre dans son village du nord des îles Salomon dès les années 1930, Somuk attire l’attention de l’intelligentsia parisienne d’après-guerre grâce aux écrits du père missionnaire Patrick O’Reilly. Il tombe ensuite dans l’oubli sauf à Gagan, son village natal, ou il acquiert après sa mort un statut de demiurge. L’exposition évoque en premier lieu les sociétés de Bougainville au sein desquelles Somuk a grandi, et en parallèle les nombreuses commandes de dessins par les missionnaires et anthropologues de l’époque. Le parcours explore ensuite la singularité de son œuvre, puis s’intéresse à son héritage actuel. À travers une série de dessins contemporains inspirés par Somuk, elle se conclut en évoquant l’une des pages les plus noires de l’histoire contemporaine du Pacifique : la guerre civile de Bougainville. L’acquisition récente d’un album de photographies par le musée du Quai Branly Jacques Chirac constitué par le père O’Reilly permet de faire revivre le destin exceptionnel de cet artistes des Iles Salomon.

Infos pratiques :

Helena Rubinstein, la collection de Madame

jusqu’au 28 juin

Frapper le fer

jusqu’au 29 mars

SOMUK

jusqu’au 8 mars

www.quaibranly.fr

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