L’art et la prison à la Friche Belle de Mai (Marseille) : Bettina Rheims

Bettina Rheims, série Détenues

« Prison Miroir » porte un regard inédit et renouvelé sur l’univers carcéral où l’art de voir est aussi celui d’être vu. Le spectateur/visiteur est invité à construire sa propre représentation à partir des démarches artistiques de Bettina Rheims (Détenues), Arnaud Théval (Un œil sur le dos), Caroline Caccavale et Joseph Césarini (Un regard depuis la prison, studio de cinéma en prison au cinéma le Gyptis, la Baleine, Baumettes historiques) producteurs et co-fondateurs de Lieux Fictifs, association résidente à la Friche depuis 1997.

Arnaud Théval,Un œil sur le dos, le Mur Rouge

Détenues, Bettina Rheims

Encouragée par Robert Badinter, la photographe Bettina Rheims a réalisé entre septembre et novembre 2014 Détenues, une série de portraits de femmes incarcérées au sein de quatre établissements pénitentiaires français.

Ce projet, soutenu par l’administration pénitentiaire, confronte l’univers carcéral avec celui de la création artistique ; dans un dialogue complexe, il interroge la construction et la représentation de la féminité dans les espaces de privation de liberté et d’enfermement. De ces rencontres, volontaires, sont nés des portraits saisissants qui nous renvoient au regard que nous portons sur la détention.

La série Détenues offre une fenêtre de conversation avec l’univers sensible et peu connu de la détention. Ces femmes photographiées en prison, dans un studio improvisé, ont pu s’engager avec la photographe dans une démarche de reconstruction de leur identité féminine et amorcer un travail de restauration de leur image.

Bettina Rheims, Détenues

« Il me fallait aller à la rencontre de femmes qui n’avaient pas fait le choix de vivre entre quatre murs. Nous avons beaucoup parlé. Elles se sont racontées, et j’ai tenté de leur offrir un moment hors de ce temps-là ».
Bettina Rheims, novembre 2016.

Un œil sur le dos

À travers un travail photographique au long cours au cœur de l’institution pénitentiaire, Arnaud Theval recompose son parcours depuis les fermetures des vieilles prisons jusqu’aux nouvelles structures.

Arnaud Théval

 » Cette œuvre d’immersion dans la culture pénitentiaire se fabrique à partir des histoires vécues, des prisons traversées et des mises en situation du personnel pénitentiaire questionnant sa relation à l’imaginaire carcéral et à la figure de ceux qui l’organisent. Comme si l’œilleton s’était inversé, le spectateur découvre, en images et en textes, les histoires de ceux qui sont perçus comme des bourreaux, qui apprennent à surveiller tout en étant controÌés de toute part, parfois confrontés à des renversements du regard, à des pleins d’humanités, à leurs propres peurs et doutes. »
Extrait du livre Le tigre et le papillon (début 2019) Éditions Dilecta.

Arnaud Théval la coursive aux dragons vue de l’exposition

De professionnels de la justice sont invités à participer à ces temps publics :, Isabelle Gorce – Présidente du Tribunal de Grande Instance de Marseille, Christophe Bass – Avocat, Christine Charbonnier – Secrétaire Générale de la Direction Régionale des Service Pénitentiaire, aux côtés des artistes et intellectuels déjà cité.

Cinéma -Rencontre

2ème WE les 7 et 8 février

La Friche la Belle de Mai, en complicité avec Lieux Fictifs, consacre plusieurs mois à l’exploration de la question de la relation entre la prison et l’art : expositions, rencontres, projections, performances, tables rondes, écoutes sonores … portent un regard renouvelé et hors de tout a priori sur l’univers carcéral.

VENDREDI 7 FÉVRIER 2020

• 18h30 à 20h | Table ronde 2 : « L’art de coopérer » – Grand Témoin Laure Adler
Comment se saisit-on du mot culture quand on se croise depuis l’institution pénitentiaire et le champ de l’art ?
Les invités évoqueront les projets émergeants de l’écosystème culturel en milieu carcéral afin de questionner les modalités de fabrication des récits sur et depuis la prison.
Est-il possible que ces espaces et productions artistiques soient entendus et vus comme des moyens d’émanciper notre pensée sur la prison ? Comment repenser autrement nos rapports à l’imaginaire de la prison ?Modératrice : Leïla Delannoy (sociologue)Intervenants : Nicolas Frize – Musicien • Arnaud Théval – Artiste • Pascale Cassagnau – Critique d’art, Inspectrice générale de la création, Centre national des arts plastiques (Ministère de la culture) • Franck Tanifeani – Président du comité prison de la Fondation de France, Administration Pénitentiaire • Fabienne Gontiers – Directrice adjointe de la maison d’arrêt d’Aix-en-Provence
Entrée gratuite | au Grand Plateau (niveau 2)
• 20h à 21h | Conférence de Laure AdlerComment repenser autrement nos rapports à l’imaginaire de la prison ?
La prison déborde-t-elle plus encore que jamais, de quoi, avec qui ?
Quelle disruption possible aujourd’hui pour penser la prison dans le dispositif global ?Entrée gratuite | au Grand Plateau (niveau 2)

SAMEDI 8 FÉVRIER 2020 

• 11h | Rencontre et lectures
Rencontre avec des écrivains animée par Laure Adler et ponctuée de lectures de textes sur la prison et sur l’enfermement, par des élèves de 3e année de l’ERACM.
Entrée gratuite | au Grand Plateau (niveau 2)


• 16h | Concours d’éloquence :  » Que serait le monde sans prison ? « 
Un concours d’éloquence réalisé par les élèves de la classe terminale « maintenance nautique » du Lycée professionnel Poinso-Chapuis, suite à 28h d’atelier avec l’association Eloquentia Marseille.
Entrée gratuite | au Grand Plateau (niveau 2)


• 20h | Projection – au cinéma le Gyptis
« 9m2 pour deux » de Joseph Césarini et Jimmy Glasberg – Prison des Baumettes – 2005.
Suite de la rétrospective des films de Lieux Fictifs au cinéma le Gyptis.

9 m², c’est la superficie d’une cellule que partagent deux détenus le temps de leur incarcération en maison d’arrêt. Tour à tour interprètes et filmeurs, dix d’entre eux mettent en scène leur vie quotidienne…

Rétrospective : Regard depuis la prison

Les 10 films de la rétrospective ‘Regard depuis la prison’ viennent interroger le cinéma comme un lieu où s’expérimente la complexité, la richesse du sujet de la prison et de l’art dans le milieu carcéral ; le cinéma comme un lieu de vie et de possible, où peut s’exercer la subjectivité de la personne détenue, sa capacité de créer et son imaginaire.

Une démarche salutaire qui tord le coup à un certain nombre de certitudes et ouvre le débat autour de nos projections liées à ces lieux d’enfermement et récits souvent univoques et simplifiés, réservoirs de notre bonne ou mauvaise conscience.

Prison Miroir reçoit le soutien du Ministère de la Justice, de la Direction de l’Administration Pénitentiaire, de la Direction Interrégionale des Services Pénitentiaires, du Conseil départemental de l’Accès au droit des Bouches-du-Rhône, du Barreau de Marseille.

Ne manquez pas lors de votre visite les expositions : Par Hasard (interview à suivre de Guillaume Theulière, commissaire), Olivier Millagou (Panorama) et Instants Vidéos : Effondrements/Soulèvements.

Infos pratiques :

Prison Miroir

Détenues

Un œil sur le dos

jusqu’au 23 février

Tarifs

Plein : 5€
Réduit : 3€

http://www.lafriche.org/

*Lieux fictifs est une association résidente à la Friche depuis 1997, dirigée par les réalisateurs Caroline Caccavale et Joseph Césarini. Ils ont engagé depuis plus de 30 ans une expérience du cinéma au long cours en prison et ont créé, à la prison des Baumettes, un studio de cinéma permanent où ils développent des actions de formation et de diffusion du cinéma, tout en réalisant et produisant des films avec les personnes détenues.