© Aurélien Mole
Nous avions rencontré Claire Le Restif au Crédac en juin pour l’exposition très remarquée de Thu Van Tran (@9 Lives magazine) et elle nous avait livré les enjeux de ce 21ème Prix Ricard qu’elle souhaitait comme « un moment généreux autour de 9 artistes plutôt que 6 ou 8, dont la moitié d’entre eux.elles se sont installé.ées en France ». Une diversité qui souligne les singularités esthétiques et intellectuelles de cette scène dans une volonté résolument politique.
« Très peu spectaculaire et peu surproduite, regardant du côté de l’attention, de l’alerte et aussi de l’écologie ». C’est en effet ce qui traverse ce « Fil d’alerte », titre que cette grande professionnelle a choisi. Et dès le départ avec Estafania Penafiel Loaiza, Gaëlle Choisne ou Paul Maheke qui s’entrecroisent et ouvrent le parcours il est question de résistance des mémoires, de post colonialisme et féminisme, de fables et de métissages, du surveillance, de genre, avant que Corentin Canesson et Kapwani Kiwanga ne se saisissent de la peinture (conçues in situ) la poésie ou l’anthropologie comme symboles de la révolte.
Simon Boudvin se penche sur le caractère invasif d’une plante, l’ailante qui envahit nos villes, déjouant le naturel et l’artificiel. Eva Berto choisit le retrait, l’invisible, le secret, la survie avec ce mystérieux boitier blanc sur la façade de l’immeuble, Sarah Tritz le bricolage et l’économie de moyens et enfin Marcos Avila Forero fait ressurgir le passé métallurgique japonais et la valeur du geste de l’ouvrier, une chorégraphie qu’il célèbre avec des danseurs, le temps de performances.
Il est possible d’aller à rebours de ce fil d’alerte, toujours en équilibre instable. Une invitation à revenir sur nos pas, décelérer, rebattre les cartes, revoir nos certitudes.
Qui sont nos lanceurs d’alerte ? Est l’une des questions que pose ce fascinant panorama choral très ouvert où chacun a bien sa place. Suspens jusqu’à la semaine de la Fiac !
Infos pratiques :
Le Fil d’alerte
jusqu’26 Octobre