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Dans la famille Nadar, je demande la mère !

Derrière le génial trio d’inventeurs, les Nadar se cache comme souvent une femme, Ernestine, épouse de Félix, mère de Paul, femme d’affaires avisée qui n’aura de cesse de faire fructifier l’entreprise familiale et d’apaiser les tensions entre les frères, Félix (1820-1910) et Adrien Tournachon (1825-1903), et entre le père et le fils, Paul Nadar (1856-1939). On la voit d’ailleurs en ballon avec Félix au moment de l’aventure du Géant, gigantesque prototype qui décolle une première fois du Champs de Mars le 4 octobre 1863 et jette les prémices de la photographie aérienne. Ernestine restera hémiplégique lors de la seconde tentative de vol embarqué au large de Hanovre. C’est l’une des révélations de l’ambitieuse et passionnante rétrospective proposée par la BNF, rassemblant 300 pièces de provenance exceptionnelle, française (Orsay, musée de l’air du Bourget,Beaux Arts de Paris..) et américaine (Metropolitan, Getty museum). C’est aussi par une femme Marthe Nadar, fille de Paul et unique descendante de la famille, que la BNF acquiert l’ensemble du fonds et des archives de l’atelier. Si la mémoire n’a retenu que la personnalité fantasque et touche à tout de Félix, journaliste précoce, caricaturiste de génie (Panthéon Nadar), agent secret, écrivain, portraitiste.., justice devait être faite aux autres membres de la saga, désormais immortalisée par le pseudonyme en lettres rouges sur la façade du boulevard des Capucines, épicentre de la société bourgeoise du Second Empire qui se mêle à la bohème pour se laisser immortaliser par l’un ou l’autre frère, à leurs différentes adresses.

Paul Nadar, Sarah Bernardt, Félix Nadar et sa femme Ernestine posant en ballon dans leur atelier, Félix et Paul Nadar la mort de Victor Hugo, Maryse Bastié.

Si leurs studios sont recherchés c’est aussi pour leur capacité à offrir les toutes dernières innovations et bientôt Félix remplace la lumière naturelle par l’utilisation de l’électricité dont il dépose un brevet en 1861, élargissant le champ aux prises de vue nocturnes (métro), souterraines (reportage sur les catacombes) et sous-marines (port de Marseille). Ce volet scientifique qui fait l’objet de la 3ème et dernière partie du parcours, réserve le plus de surprises. Après l’agrandissement chez Félix, Paul Nadar défenseur de l’instantané devient le représentant exclusif de la firme Kodak qu’il enrichit de l’Express Detective Nadar en 1888. Adrien restera celui qui se tourne en premier vers l’illustration scientifique aux côtés du docteur Duchenne de Boulogne et ses travaux sur les « Mécanismes de la physionomie humaine », participant également à l’étude de l’amélioration des races d’animaux d’élevage réalisant de nombreuses commandes photographiques. 

Ainsi au delà de leur goût commun pour la scène, le théâtre et la vie mondaine, les trois Nadar sont de véritables précurseurs en matière d’industrie photographique et d’innovations technologiques. Cette passion pour le progrès qui les relie est le véritable fil de rouge de cette exposition pilotée par deux femmes, Sylvie Aubenas (BNF, Paris) et Anne Lacoste (Institut pour la photographie, Hauts de France) qui restera dans les annales !

Exposition réalisée avec le soutien de la Fondation Louis Roederer.

Egalement en cours à la BNF :

Jan Dibbets dialogue avec l’art médiéval, « Make it new »

Alors qu’on l’avait découvert en commissaire fascinant au musée d’art moderne avec « La boîte de pandore », Jan Dibbets semble trop à l’étroit dans l’exercice imposé de relecture d’un manuscrit carolingien du IXè siècle dont l’esthétique formelle rejoint ses aptitudes conceptuelles. « La louange à la sainte croix » se présentant en une suite de 28 poèmes figurés au succès littéraire immense, donne lieu chez Jan Dibbets à une relecture expérimentale et chromatique des problématiques traversant la démarche d’artistes de sa génération, tels que Carl André, François Morellet, Sol Lewitt, Richard Long, Franz Erhard Walther qu’il convoque face au précieux manuscrit. Louable et originale démarche soulignant sa filiation avec l’art ancien mais qui ne trouve pas ici d’écho suffisant dans l’espace consacré réduit et la scénographie trop lisse.

Infos pratiques :

Les Nadar, une légende photographique

Derniers jours !

jusqu’au 3 février 2019

Catalogue indispensable aux éditions de la Bnf, 352 pages.

« Make it New » Conversations avec l’art médiéval

Carte Blanche à Jan Dibbets

BNF

Site François Mitterrand

www.bnf.fr

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